Le djihadiste algérien expulsé par Paris, jeudi dernier, était impliqué dans l'envoi de jeunes Français candidats au djihad en Syrie. Paris De notre bureau Arrêté par l'armée turque en mars dernier, alors qu'il traversait la frontière à bord d'un bus convoyant un groupe de djihadistes vers la région d'Alep, Salah Bouhabila, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a été expulsé de France où il résidait depuis 1980. Titulaire d'une carte de séjour, Salah Bouhabila, 37 ans, vivait chez ses parents à Albertville, en Savoie (est de la France). C'est là qu'il s'adonnait à ses activités de recrutement de combattants pour la Syrie. Il se servait notamment des réseaux sociaux et des lieux de prière. Salah Bouhabila a réussi à constituer une cellule de recrutement qui activait dans la région. D'ailleurs, les autorités turques ont également expulsé vers la France cinq de ses proches qui agissaient dans la ville d'Albertville. D'après une source policière française, les six compères avaient pour objectif de rejoindre l'un des groupes djihadistes les plus radicaux en Syrie, en l'occurrence l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIE). Son père pensait qu'il était parti faire de l'humanitaire en Syrie Certains membres de cette mouvance détenaient les quatre journalistes français libérés récemment par l'entremise d'Ankara. Selon le ministère de l'Intérieur français, Salah Bouhabila est lié «à des membres de la mouvance islamiste radicale qui sont impliqués dans le recrutement de ‘soldats de Dieu' pour combattre en Syrie et en Afghanistan». Le jeune Algérien était également en contact avec deux autres recruteurs vivant en Savoie, qui avaient été condamnés en 2011 à trois ans de prison ferme pour avoir organisé l'envoi de combattants français vers l'Afghanistan. A Albertville, le père de Salah Bouhabila ne croit pas une seconde aux activités terroristes de son fils. Il est persuadé qu'il voulait aller en Syrie pour apporter «une aide humanitaire aux malades et à tous ceux qui souffrent là-bas à cause de la guerre». Convaincu de l'existence d'une erreur ou d'une machination, le père de Salah Bouhabila a expliqué que son fils n'allait pas souvent à la mosquée ; bien au contraire, c'était un «fêtard qui sortait tout le temps en boîte de nuit, innocent, gentil et parlant avec tout le monde». Pourtant, l'apprenti maçon a été bel et bien arrêté dans un car alors qu'il se dirigeait vers Alep, en Syrie. Depuis la mise en place par Paris d'un plan antidjihad, c'est la première fois qu'un activiste est expulsé vers son pays d'origine. Vendredi, le nouveau ministre de l'Intérieur, Jean-Pierre Cazeneuve, s'est félicité de cette arrestation puis de l'expulsion. Il a réitéré la volonté des services de renseignement français d'agir pour démanteler tous les réseaux qui activent dans le recrutement de djihadistes. Il a rappelé aussi que 285 ressortissants français se trouvent actuellement en Syrie et qu'environ 120 autres seraient en transit entre la France et la Syrie. En Europe, la France est la plus grande pourvoyeuse de djihadistes partant combattre en Syrie. Il y a aussi des Belges, des Hollandais et même des Allemands dont un a été récemment tué par les forces de Bachar Al Assad.