Les démarches entreprises par Sellal pour faire participer des partis de l'opposition à la formation de l'Exécutif ont échoué jusqu'à présent. Plus d'une semaine après son investiture pour un quatrième mandat, le président Abdelaziz Bouteflika peine à constituer un nouveau gouvernement. Huit jours après la reconduction de Abdelmalek Sellal, nommé à nouveau au poste qu'il avait cédé pendant quelques semaines à Youcef Yousfi, le staff gouvernemental n'est toujours pas connu. L'ambition du clan présidentiel de désigner, pour la première fois, un Exécutif composé de plusieurs courants politiques bute sur le refus catégorique des principaux partis de l'opposition de désigner des candidats aux postes proposés. Mis à mal par les résultats de la dernière élection présidentielle, marquée par un fort taux d'abstention, le président Bouteflika et son clan semblent vouloir chercher une autre issue pour légitimer davantage ce quatrième mandat imposé au pays. Mais les nombreux contacts et tractations menés, depuis une semaine, se sont avérés infructueux. Aucune des grandes formations politiques n'a mordu, visiblement, à l'hameçon de Abdelmalek Sellal qui s'est chargé, lui-même, de démarcher les directions des partis de l'opposition. Le FFS et le PT avaient annoncé qu'ils avaient décliné les offres du Premier ministre qui comptait, peut-être, sur ces deux formations pour sauver sa démarche visant à constituer un gouvernement de consensus. Des rumeurs évoquent même des contacts avec les partis ayant opté pour le boycott de la dernière joute électorale, en l'occurrence le RCD, Jil Jadid, le MSP, Ennahda et le FJD de Abdallah Djaballah. En vain. En tout, une dizaine de portefeuilles ministériels seraient réservés à l'opposition, mais ne trouvent pas preneur. Quelle coalition ? C'est une situation inédite pour le régime de Abdelaziz Bouteflika qui a su, par le passé, comment composer des gouvernements représentant trois courants politiques en Algérie : «nationaliste, islamiste et démocrate». Cette manière de gouverner a été consolidée depuis 2004 avec la création de l'Alliance présidentielle, composée du FLN, du RND et du MSP. Même si elle manquait d'homogénéité, cette alliance lui permettait de désigner aisément ses gouvernements, sans éprouver le besoin de solliciter les autres composantes de la classe politique. Mais depuis l'implosion de cette alliance et le retrait du MSP du gouvernement, le pouvoir s'est retrouvé dans de véritables difficultés à constituer une équipe gouvernementale qui se chargera d'exécuter le programme présidentiel. Depuis 2012, plusieurs formules ont été expérimentées. Mais sans résultat. Souvent, la stature des partis qui acceptent d'intégrer le gouvernement ne cadre pas avec l'objectif visé. Et c'est le même scénario qui se reproduit aujourd'hui. Abdelmalek Sellal sera contraint, une nouvelle fois, de compter sur une alliance de façade qui sera composée de partis qui se font concurrence, même à l'intérieur du pouvoir. Il s'agit du FLN qui veut prendre les commandes du gouvernement en tant que parti majoritaire au Parlement et du RND qui ne cède pas. Cette nouvelle coalition sera, sans nul doute, intégrée par le MPA et TAJ qui manquent de représentativité au sein des assemblées élues. Dans ce cas, le régime de Abdelaziz Bouteflika, qui veut devancer l'opposition dans sa démarche fédératrice pour un changement, aura tout simplement échoué. Car si les différents segments de l'opposition parviennent à s'entendre sur une plateforme de revendications commune, tout en constituant un rapport de forces, l'isolement politique du pouvoir sera davantage accentué…