Deux secrétaires généraux (Abdelaziz Belkhadem et Ahmed Ouyahia), dont les partis respectifs (FLN et RND) sont arrivés en tête du scrutin, en totalisant près de 300 députés, sont restés sur le carreau. La composante du nouvel Exécutif ne reflète pas le choix opéré par les électeurs lors des dernières élections législatives. Le 10 mai, les urnes ont parlé. Le Front de libération nationale est sorti vainqueur de cette joute électorale, comparée au 1er Novembre 1954. Le coup de feu n'est pas encore parti. A moins que le nouveau staff gouvernemental ne nous surprenne. Les Algériens ne s'attendent pas à une «révolution». Les réformes qui doivent être mises en oeuvre sont une opération de longue haleine. Il y a donc plus urgent. Une série de questions qui minent le quotidien des citoyens sont posées. Y aurait-t-il baisse des prix des produits de base, des viandes, de la sardine...? Les marchés seront-ils régulés? Y aura t il un peu plus de culture et moins de folklore, plus de performances sportives? La pénurie de médicaments cessera-t-elle? La dépendance de l'économie nationale par rapport aux exportations de pétrole sera-t-elle réduite...? Trouvera-t-on une solution aux jeunes délogés des marchés informels? Autant de défis qui attendent Abdelmalek Sellal et son équipe. En attendant, l'on constate que le rendez-vous du 10 mai 2012 a finalement laissé sur le carreau deux secrétaires généraux dont les partis sont arrivés en tête du scrutin. Ils ont totalisé à eux seuls près de 300 députés. Soit une majorité confortable qui aurait pu leur permettre de gouverner. Cela ne sera pas le cas. Le poste de Premier ministre leur a filé d'entre les doigts. Ils seront cependant présents au sein de l'Exécutif mais pas en force. La faute à qui? A la Constitution sans doute, qui permet au président de la République d'opter pour un autre choix. La loi fondamentale l'autorise. Le premier magistrat ne peut donc pas être accusé ou soupçonné de ne pas l'avoir respectée. Un paradoxe auquel il est urgent d'apporter un correctif pour répondre à l'aspiration des électeurs et être en conformité avec le choix qu'ils ont fait. Ce qui permettra par conséquent et en toute logique, au parti sorti vainqueur, de gouverner seul ou en procédant à des jeux d'alliance s'il le juge nécessaire. Une des raisons qui a changé la physionomie de cette option réside certainement dans l'éclatement de l'Alliance présidentielle (FLN, RND, MSP) qui a constitué l'ossature des gouvernements qui se sont succédé depuis la première élection de Abdelaziz Bouteflika à la tête du pays en 1999. Depuis et exceptée la parenthèse Benbitour (nommé du 23 décembre 1999 au 26 août 2000), le poste de chef de gouvernement puis celui de Premier ministre a toujours échu de façon alternée soit au Front de libération nationale soit au Rassemblement national démocratique. Des nominations qui ont relativement reflété le verdict des urnes en puisant dans la coalition présidentielle (FLN, RND, MSP) qui a soutenu les candidatures et les programmes successifs du président de la République. Cette logique ne pouvait plus fonctionner à partir du moment où le MSP a changé de fusil d'épaule et qui, aux dernières nouvelles, ne prendra pas part aux prochaines élections locales. Côté FLN, le secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem n'a pas fini avec un mouvement de redressement qui veut coûte que coûte sa tête. Le chef de l'Etat a dû certainement composer avec tous les atermoiements de ces formations politiques. Des «guerres de tranchées» aux antipodes des préoccupations des Algériens. Une ambiance annonciatrice d'une majorité pour le parti des abstentionnistes aux élections locales du 29 novembre 2012...