Le nouveau gouvernement annoncé après l'élection présidentielle et la nomination d'Abdelmalek Sellal au poste de Premier ministre qu'il occupait déjà, avant d'être déchargé de cette fonction pour prendre en charge la direction de campagne du président Bouteflika, se fait attendre alors que plusieurs ministres poursuivent leurs activités le plus normalement du monde, accréditant l'idée qu'il s'agira plus d'un remaniement avec quelques changements de titulaires de certains portefeuilles ministériels que d'un gouvernement tout neuf. Beaucoup a été dit et écrit sur la composition et la nature du nouvel Exécutif qui répondraient, selon ce qu'ont prévu les observateurs et analystes, plutôt à des critères d'appartenance politique et non pas exclusivement de compétences techniques. Ainsi, il a été question d'un gouvernement de consensus qui donnerait une place à l'opposition aux côtés des partis de ce que l'on peut appeler la majorité présidentielle, constituée par toutes les formations politiques qui ont déclaré leur soutien à la candidature de Bouteflika et ont fait campagne pour qu'il obtienne un quatrième mandat. Il s'agit, la précision est de taille, d'un gouvernement chargé d'appliquer le programme du président Bouteflika. Mais cette démarche, qui n'est pas sans précédent dans notre pays, semble bien difficile à concrétiser. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a affirmé, samedi à Alger, que la participation de son parti au prochain gouvernement est exclue. Mme Hanoune a indiqué avoir été contactée par le Premier ministre, à ce sujet, et annoncé que le PT ne s'impliquera pas dans le prochain gouvernement». Pour Louisa Hanoune, et elle dit l'avoir expliqué à M. Sellal, il y a d'autres priorités dont «la plus urgente consiste en l'organisation d'élections législatives anticipées». Comme le PT, le Front des forces socialistes (FFS) sollicité également par le Premier ministre pour faire partie du nouveau gouvernement, a décliné l'offre. Ali Laskri, qui a fait part de cette réaction, a expliqué que «la direction nationale du FFS a décliné la proposition au motif que la priorité du parti est la reconstruction d'un consensus national et l'organisation d'une conférence nationale de consensus». Selon Ali Laskri, le Premier ministre a proposé à la direction du FFS deux portefeuilles ministériels «pour appliquer le programme du Président». On ne sait pas de quels départements ministériels il s'agit. Aucune information n'a filtré sur d'autres consultations pour solliciter des partis et des personnalités de l'opposition et obtenir leur entrée dans le prochain gouvernement. Mais on sait qu'une grande partie de cette opposition a appelé au boycott de l'élection présidentielle et s'est placée en rupture avec le pouvoir au point où le débat qui l'a divisée récemment a concerné la question de savoir s'il fallait ou non, pour elle, participer aux discussions qui seront initiées par la présidence autour de l'élaboration de la révision constitutionnelle qui doit intervenir avant la fin de cette année, selon ce qui a été avancé au cours de la campagne électorale. Par contre, les observateurs envisagent sérieusement l'éventualité de voir dans la prochaine équipe de Sellal, un parti qui a commencé à se révéler au public depuis quelques années, il s'agit du Front El-Moustakbal d'Abdelaziz Belaïd, crédité de 3,06% des suffrages exprimés lors de l'élection présidentielle du 17 avril dernier, ce qui l'a propulsé à la troisième place. On pourrait y trouver aussi l'Alliance nationale républicaine dont ce ne serait pas la première participation au gouvernement. Naturellement, le noyau du gouvernement sera sans doute composé de membres de l'alliance de fait qui s'est constituée bien avant l'annonce par le président Bouteflika de sa candidature, à savoir le FLN, le RND, le MPA et Tadj, qui sont déjà dans l'Exécutif.