Le prix de ce type de poisson qui a atteint jusqu'à 500 dinars le kilogramme s'explique par le monopole illégalement exercé par des groupes organisés sur le secteur de la pêche. Le scénario est redoutablement huilé. Il ne peut se jouer sans des complicités. Dès trois heures du matin, des dizaines de camions investissent les 31 ports de pêche des wilayas côtières du pays qui sont au nombre de quatorze. La transaction se fait sur-le-champ et la marchandise, aussitôt embarquée, file vers une destination inconnue où elle est revendue en seconde main. Combien de fois le phénomène est-il répété pour qu'elle parvienne chez le consommateur: dernier maillon de cette chaine? «La sardine et le poisson en général sont revendus en troisième, voire quatrième main avant qu'ils ne soient mis sur les étals des marchés», a expliqué Hocine Bellout, le président du comité national des marins pêcheurs qui est intervenu sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III pour dénoncer aussi les massacres de dauphins et la mafia du corail (encore une Ndlr) en Algérie. Une situation qui met en péril les ressources halieutiques nationales. La sardine et les poissons menacent de disparaître de cette mère nourricière: la Méditerranée. «Si rien n'est fait, dans cinquante ans il n'y aura plus de poisson en Méditerranée, elle deviendra une mer morte!», a déclaré d'une voix rebelle et rageuse le président du comité national des marins pêcheurs qui a aussi mis l'accent sur la forte pollution que subissent les côtes algériennes. C'est sous l'effet combiné de plusieurs éléments que le coup de grâce pourrait être porté à la faune marine qui peuple les eaux territoriales nationales. En effet, selon ce vieux loup de mer, la sardine est intensivement pêchée sans respecter les délais de sa reproduction. «La sardine commercialisée aujourd'hui n'atteint pas les 11 centimètres, la norme qui est exigée pour qu'elle soit pêchée est mise sur le marché», a fait remarquer Hocine Bellout battant ainsi en brèche les arguments des responsables chargés de la prise en charge de ce secteur qui imputent la flambée des prix de la sardine à sa rareté sur les marchés. Faux, selon le président du comité national des marins pêcheurs. «Ce n'est pas une question d'offre et de demande. C'est un phénomène directement lié au monopole exercé par une mafia qui, entre trois et quatre heures du matin, stationne ses camions au niveau des 31 ports de pêche du pays pour embarquer la quasi-totalité des cargaisons qui ont fait auparavant l'objet d'une transaction», a indiqué Hocine, en insistant sur l'illégalité de cette juteuse opération financière qui n'a pu voir le jour sans l'implication des différents paliers des services de l'administration portuaire. En l'absence d'une économie de marché rigoureusement maîtrisée. Contrôlée et régulée. La part belle est faite aux spéculateurs. Dans ce sens c'est toute l'économie algérienne qui est frappée par cette tare. La spéculation a permis à des groupes de personnes de monopoliser pratiquement tous les secteurs. Il y a eu la crise de la pomme de terre, celle de l'huile, du sucre, la flambée des prix des fruits et légumes en général, des viandes rouges et blanches... le phénomène n'est pas sur le point d'être circoncis. Bien au contraire, il ne fait que prendre de l'ampleur. Il aura eu le mérite de mettre en exergue le degré de corruption qui a gangréné l'économie nationale, tous secteurs confondus. Un phénomène qui doit être combattu sans relâche tellement il dispose de forces régénératrices. A un point tel qu'il donne l'impression d'être éternel.