Fatma Oussedik était l'invitée du café littéraire de samedi passé. Au carton, un thème d'actualité qui n'est autre que le brûlant sujet des évènements de Ghardaïa. La sociologue s'était employée dans une dialectique magistrale à défaire l'imbroglio, lequel, pour l'opinion, a rendu complexe la saisie des tenants de la crise depuis son déclenchement. Dès le départ, la conférencière donne une orientation politique à la genèse des évènements. Dans une analyse à égale distance des rapports qui tissent les communautés établies dans la région, elle met à nu une grave crise politique qui renseigne dès lors sur l'état de la nation. Elle se refuse à toute connotation ethnique ou même religieuse. Du moment, explique-t-elle, que les mozabites tout comme les chaambas, et en soubassement le rite ibadite tout comme malékite, ne constituent pas réellement des isolats sociaux. Sur le plan ethnique, elle rappelle que les mozabites sont apparentés à la faction zénète des populations berbères, et il se trouve que celle-ci n'est pas une donnée distincte de Ghardaïa. Alors qu'elle enjoint, sur le plan de la religion, le rite ibadite caractérise plus de 3 millions de musulmans. Et au fond, elle conclue, «nous sommes tous venus du vivier amazigh». Pour Fatma Oussedik, le dysfonctionnement est à chercher dans le rapport à l'Etat. Maintenant, il n'y a plus une vie d'intérieur des remparts. La région est administrée en wilaya. Mais le pouvoir «hégémonique», «centraliste» et «doctrinal» déconstruit tout ce qui est singularité en forme d'organisation sociale et économique. Pour sortir donc de cette grave crise, la thèse de Fatma Oussedik préconise de sortir du modèle de domination jacobin qui se traduit entre autre par l'exploitation de clientèles, et en intégrant les particularismes dans l'exercice politique, ceci notamment en reconnaissant le statut de partenaires aux différentes composantes de la nation.