13 cadavres ont été retrouvés, alors que le reste (33 migrants non encore retrouvés) serait mort avant de traverser la frontière algérienne. Quarante-six migrants nigériens, portés disparus depuis vendredi dernier, ont péri de soif et de faim près de la frontière avec le Niger, à moins de 50 km de la localité d'In Guezzam, à 450 km à l'extrême sud de Tamanrasset. Des sources bien informées nous ont appris que 13 cadavres ont été retrouvés, hier matin, suite à l'opération de recherche enclenchée par la les forces spéciales de l'ANP relevant de la 6e Région militaire et faisant suite à l'alerte donnée, mardi dernier, par les autorités d'Arlit, dans le nord du Niger. Les 33 migrants qui n'ont pas encore été retrouvés seraient morts avant de traverser la frontière algérienne, ajoutent nos sources. Rappelons qu'au début de la semaine dernière, la disparition de 50 personnes (hommes, femmes et enfants) a été signalée. Fuyant l'insécurité prévalant dans leur pays, ils tentaient de rejoindre clandestinement leurs proches ayant élu domicile dans la wilaya de Tamanrasset. Mais ils n'ont pas pu réaliser ce rêve qu'ils caressaient depuis des années. Nos sources affirment qu'ils ont été abandonnés par leur passeur qui les a livrés au diable du désert avant que la camarde ne les emporte. La nouvelle a fait le tour de la ville de Tamanrasset qui a enregistré, ces deux dernières années, une affluence importante de réfugiés d'Afrique subsaharienne. La plupart d'entre eux quittent leur pays natal en raison de l'insécurité qui y prévaut. Bravant tous les risques du désert, ils mettent leur vie en danger pour atteindre l'eldorado dont leur parlent leurs compatriotes installés en Algérie. «Mais on doit choisir un passeur honnête et expérimenté pour éviter de subir le même sort que ces pauvres qui ont fait des sacrifices pour se payer la mort», regrette Amadou Brahim, un Nigérien rencontré devant son atelier de mécanique, au quartier de Guettaâ El Oued. Réticent, Brahim n'a pas voulu nous parler de son aventure de crainte de se faire rapatrier. Nous lui expliquons le motif de notre présence, il finit par confesser, non sans condamner ces passeurs et trafiquants : «Mon frère et son ami ont réussi à passer la frontière en 2009, lui s'est installé à Tam, tandis que son ami est parti au Nord pour tenter d'atteindre l'autre rive de la Méditerranée. Une année plus tard, mon frère m'a demandé de le rejoindre pour gérer ensemble son atelier de mécanique, en m'assurant qu'il gagnait bien sa vie à Tam. J'ai dépensé toutes mes économies pour le rejoindre en passant par In Guezzam, où nous nous étions entendus avec un autre passeur pour nous conduire jusqu'à Tamanrasset.» Et d'ajouter : «Les conditions de vie sont pénibles à Tamanrasset.L'eldorado qu'on nous a promis n'est en fait qu'un enfer. Sincèrement, je ne compte pas rester ici.» Joint par téléphone, le responsable de wilaya du Croissant-Rouge, Moulay Cheikh, «condamne fermement les pratiques des passeurs qui sacrifient des vies humaines. Le phénomène a pris des proportions gravissimes. Nous allons nous réunir demain (aujourd'hui, ndlr) avec le représentant du Croissant-Rouge international afin de débattre de ce problème, en présence de tous nos coordinateurs postés aux frontières pour suivre l'évolution de ce dossier. Ce qu'il faut retenir, toutefois, c'est que les initiatives prises par le Croissant-Rouge ne doivent pas être taxées d'encouragement à l'immigration clandestine».