Une délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s'est réunie, hier, avec les membres du comité du Croissant-Rouge algérien (CRA) de la wilaya de Tamanrasset pour évaluer la situation des réfugiés subsahariens et les moyens de prise en charge mis à leur disposition dans le cadre humanitaire. Lors de cette réunion, tenue à huis clos au siège du CRA sous le sceau de l'urgence, la représentante du CICR, Layla Berlemont Shtewi, citée par une source proche du comité, a particulièrement insisté sur l'importance de renforcer la capacité du CRA à répondre aux urgences humanitaires dans le sud du pays en raison de la crise sécuritaire qui prévaut au Sahel. Il était question lors de cette réunion d'évaluer les ressources disponibles ainsi que les besoins en termes d'équipements, de formation et de compétences pour que la branche CRA de cette wilaya proche de pays en conflit puisse faire face aux problèmes liés à cette conjoncture. «L'instabilité sécuritaire des pays voisins, les grandes distances, les conditions climatiques exposent inévitablement le CRA de cette wilaya-continent aux conséquences humanitaires liées à la migration clandestine, à la violence armée provoquée par la situation de crise dans le Sahel, à l'afflux de réfugiés et aux difficultés socioéconomiques des communautés locales», souligne notre source. Et d'ajouter que plus de 120 familles de réfugiés maliens et 150 familles nomades de 5 à 7 membres chacune sont actuellement prises en charge dans les camps de Tinzaouatine, à 500 km au sud de Tamanrasset. Le CICR, lors de cette rencontre qui s'inscrit dans le cadre du partenariat visant à renforcer l'action humanitaire aux frontières, a mis en exergue l'impérative nécessité de doter cette organisation en moyens de communication et de transport pour le personnel et les volontaires afin de leur permettre de mener leurs actions en faveur des réfugiés et des victimes de violence armée ou de précarité socioéconomique. L'ouverture d'une antenne du CICR localement, pour soutenir la branche CRA de Tamanrasset, a été aussi recommandée avec pour finalité de maintenir une communication fluide, faciliter la coordination entre les deux institutions et accomplir les missions humanitaires auprès des communautés locales et étrangères. Ce faisant, des journées de formation encadrées par des experts du CICR seront organisées au profit du personnel et des volontaires du CRA des wilayas du Grand-Sud (Adrar, Tamanrasset et Illizi). «Les formations seront axées sur les méthodes d'évaluation des besoins, la gestion et la coordination d'actions humanitaires d'urgence ainsi que sur la conception de projets de rétablissement des liens familiaux des réfugiés et de toute personne séparée de ses proches à l'étranger», précise notre source. Dans le but d'amplifier ses capacités logistiques, deux véhicules 4x4, un appareil de liaison satellitaire Thuraya et des kits médicaux de premiers secours ont été mis à la à disposition du CRA de Tamanrasset par le CICR, qui envisage de créer des espaces destinés aux stocks non alimentaires d'urgence, lesquels seront équipés de système de réfrigération et de panneaux solaires pour l'alimentation électrique. Il convient de signaler toutefois que l'immigration clandestine reste un tabou pour les autorités locales qui se refusent à tout débat y afférent de crainte de provoquer d'éventuels «incidents diplomatiques». Avoir des informations sur ce dossier relève ainsi du parcours du combattant. Aucune source officielle n'a été disposée à fournir des chiffres ou des informations sur les mesures prises à effet de mettre un terme à ce phénomène. «Indifférence rime avec négligence», se lamente un représentant de la jeunesse auprès du CRA de Tamanrasset. «Les migrants sont livrés à eux-mêmes pendant que les responsables qui prônent les actions humanitaires se sucrent sur le dos du Croissant-Rouge. La vérité c'est que le matériel et les équipements accordés par le CICR sont en partie exploités à des fins purement personnelles. Le reste, dont des kits médicaux et un véhicule, est stocké dans le parc de la wilaya. Il faut savoir que le comité local, issu de surcroît d'une cooptation illégale, ne représente pas les franges vulnérables de cette société du fait qu'il se désintéresse des principes fondamentaux de l'organisation dont le volontariat, l'humanité et l'impartialité.» En outre, notre interlocuteur dénonce «la nonchalance des responsables locaux du CRA dont la fonction se limite à la distribution des couffins du Ramadhan, puisque les familles nécessiteuses sont laissées pour compte. Nul besoin de parler de ces réfugiés livrés à mille et un périls sans que l'on daigne bouger le petit doigt». Pour avoir de plus amples informations, nous avons essayé de joindre le président du CRA, Moulay Cheikh, mais toutes nos tentatives se sont avérées vaines. A rappeler que la wilaya vient d'être affectée par une nouvelle tragédie suite à la découverte, samedi, de plusieurs cadavres de ressortissants nigériens morts de soif et de faim en plein désert. Selon des chiffres non officiels, 46 migrants ont été retrouvés morts alors qu'ils tentaient de remonter vers Tamanrasset pour fuir l'indigence croissante, l'esclavagisme et la misère dont ils souffrent dans leur pays.