S'il y a des dégâts en matière d'urbanisme, la faute ne peut incomber en grande partie qu'à ceux qui doivent penser et gérer ces extensions. On quitte le boulevard à voies uniques où le bouchon arrive toujours à desserrer. On grimpe par Ighil Ouchaallal. C'est un autre décor. L'axe principal serpente à travers Tizi, enfle par endroits et s'étrangle en d'autres. Les trottoirs ici sont un luxe. Ils sont inexistants en bien des ilots de l'énorme et difforme excroissance qui ne cesse de repousser ses frontières. Tizi est l'archétype de l'urbanisme incontrôlé, sinon de la quasi absence d'une politique urbanistique dont les nouveaux tentacules étirant à la démesure la ville coloniale. Alors que les populations rurales sont contraintes a l'exode dès les années soixante (un mouvement que justifient en même temps : la quête d'un travail, de conditions de vie moins hostiles ne serait-ce qu'une proximité des écoles et des soins), leur accueil a été ignoré. Ces populations avaient besoin de logis. A défaut d'anticiper sur leur réception, par la mise en œuvre de programmes réfléchis en matière de construction de nouvelles cités, on a plutôt voulu empêcher les nouvelles implantations par l'agitation de l'aliénant délit de construction illicite. Mais il fallait bien que ces populations aient un abri. Aussi, s'il y a des dégâts en matière d'urbanisme, la faute ne peut incomber en grande partie qu'à ceux qui doivent penser et gérer ces extensions. La route principale est sujette à de gros embouteillages durant les heures de pointe. Les trottoirs rétrécissent de 3 à zéro mètre. Les enfants a la sortie des classes se collent aux murs pour ne pas courir le risque d'être écrasés. Ahmed Iboudghassen et Robert alias Mokhtar, aident à décongestionner la circulation. Ces deux bénévoles sont toujours en appel pour dégager les encombrements. Mais les croisements sont difficiles. Alors imaginez une évacuation urgente d'un malade. Pareil pour les cortèges funèbres. Et malheureusement, le terrain se raréfie, pour espérer mettre en place des dégagements. Il aura fallu l'audace des associations d'Ighil Ouchallal et de Tizi pour récupérer le terrain vague mitoyen du CEM des Chouhada Bouakaz. Avant qu'il n'ait été l'objet d'une convoitise. Les deux associations y ont planté des arbres et ainsi, offert aux enfants un espace ou attendre sans heurt d'entrer à l'école. Le faubourg compte plus de 15 000 habitants. Le réseau routier desservant les lieux est dans un état pitoyable. Des pistes ne sont pas goudronnées depuis plus de 30 ans. Le bitumage des routes menant a Iheddaden Oufella, Iheddaden Ouedda, Ibachiren (de là à la RN 12), Imahdyen et vers la cité douanière, laisserait des issues en cas de bouchon. On apprend à ce sujet qu'elles sont les deux premières figurent dans les tablettes de l'APC, ce n'est pas le cas pour la troisième. Le bitumage est, croit-on savoir, différé, devant suivre la rénovation du réseau AEP. En attendant, l'état de ces routes est source permanente de danger. Particulièrement à partir du Terminus des bus ou la cote est très prononcée. Il y a trois mois, un camion avait défoncé une devanture de magasin, fait-on savoir. L'insuffisance de l'éclairage public en ajoute au danger et à l'insécurité. Dans l'un des ilots, il avait fallu solliciter les services d'un électricien privé pour remplacer deux lampes grillées, s'insurge Hassen Merzouk, le président de l'association de Tizi. Mahieddine, secrétaire général de l'association, s'agissant de l'AEP, signale qu'au delà de la voie principale, les diamètres des conduites sont variables, d'où une distribution aléatoire. Comme il trouve contraignant de «remonter le réveil pour refaire sa réserve d'eau de 5 heures à 6 heures du matin». Et certains foyers, ceux du quartier Rezkellah, s'approvisionnent encore en bidons. Dans le chapitre sanitaire, la couverture de cette zone, forte de 15 000 habitants, n'est pas aussi à son summum. Le dispensaire, dont l'extension est compromise par un château d'eau pourtant désaffecté, et occupant la cour de la salle de soins, fonctionne selon les habitants de manière irrégulière. La permanence n'est pas assurée. Ils sont obligés, disent-ils, de se rendre vers les autres polycliniques de la ville. Les animateurs de l'association de Tizi veulent une véritable polyclinique. Ils suggèrent une extension du dispensaire en démolissant le château d'eau ou en occupant les terrains situés derrière celui-ci. Comme ils suggèrent de recenser le peu de terrains vides qui reste afin d'y programmer des projets d'utilité publique. Ecoles, infrastructures socioculturelles, antenne postale, stades de proximité et autres.