Le maintien en détention de Mohand Kadi, militant du RAJ, et de Moez Benncir, ressortissant tunisien établi en Algérie, continue de faire réagir les organisations de défense des droits humains. «La Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) appelle à la libération de Mohand Kadi et Moez Benncir et à la fin de toutes les poursuites judiciaires menées à leur encontre», indique un communiqué rendu public hier. Karim Lahidji, président de la FIDH, affirme que «le procès de Mohand Kadi et Moez Benncir est une nouvelle illustration de la répression menée en Algérie contre celles et ceux qui veulent faire entendre leurs revendications et exprimer leur désaccord de manière pacifique. L'Algérie démontre, une nouvelle fois, son incapacité à garantir l'exercice des libertés fondamentales sur son territoire, et ce, en dépit des engagements pris au niveau international». Les deux jeunes, âgés de 23 et 25 ans, ont été arrêtés par la police en marge d'un sit-in du mouvement Barakat sur la place Audin, le 16 avril 2014. Lors du procès tenu le 11 mai au tribunal de Sidi M'hamed, Mohand Kadi et Moez Benncir avaient déclaré au magistrat qu'ils ne participaient pas au rassemblement ; ils étaient attablés dans une cafétéria au moment du sit-in. Détenus à la prison Serkadji, Kadi et Moez sont accusés d'«attroupement non armé qui peut troubler la tranquillité publique», selon l'article 97 du code pénal algérien. Pour rappel, lors de l'audience, le collectif d'avocats constitué pour leur défense a déconstruit l'argumentaire du procureur, mettant en relief les critères qui ne correspondent pas à l'article 97, entre autres la sommation de la police pour disperser les manifestants. Par ailleurs, la FIDH réitère «son inquiétude quant aux interdictions de fait des manifestations à Alger. La loi n°91-19 requiert une autorisation préalable à toute manifestation publique. Or, cette autorisation est rarement accordée, en particulier aux organisations considérées comme critiques vis-à-vis du gouvernement. Devenant de fait des attroupements illégaux, ceux qui y participent sont passibles de poursuites judiciaires». L'ONG rappelle que «ces restrictions législatives au droit de manifester constituent une violation du droit international et de l'article 21 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) qui garantit le droit de réunion pacifique et définit des critères précis pour justifier des restrictions à ce droit».