Alors que l'auteur de l'opération contre les milices armées, qu'il a qualifiées de "terroristes", compte poursuivre son offensive, le Congrès général national libyen, principal instance du pouvoir à Tripoli, dénonce une tentative de coup d'Etat. Y a-t-il une armée en Libye ? La question mérite d'être posée au vu des développements que connaît ce pays ces derniers jours. En effet, alors que le chef d'une force paramilitaire en Libye, Khalifa Haftar, un général à la retraite ayant pris part à la révolte contre le régime de Mouammar Kadhafi en 2011, se dit déterminé à poursuivre son offensive contre des milices islamistes à Benghazi, les autorités libyennes ont affirmé que son opération était une tentative de coup d'Etat. En effet, Tripoli considère cette offensive comme "un agissement en dehors de la légitimité de l'Etat et un coup d'Etat", selon le communiqué lu par le président du Congrès général national (CGN, Parlement), Nouri Abou Sahmein. Il a averti que "tous ceux qui ont participé à cette tentative de coup d'Etat vont être poursuivis par la justice". On essaie de faire croire que le général à la retraite Khalifa Haftar, qui se présente comme chef de l'"armée nationale" et qui a bénéficié pour cette opération de la défection d'officiers et d'unités de l'armée ainsi que du soutien d'avions et d'hélicoptères de combat, semble agir de sa propre initiative. Réagissant à ces déclarations, Khalifa Haftar a démenti toutes ces accusations. "Notre opération n'est pas un coup d'Etat et notre objectif n'est pas de prendre le pouvoir", a-t-il affirmé, avant d'ajouter que "cette opération vise un objectif précis qui est d'éradiquer le terrorisme" en Libye. Ceci étant, l'armée régulière libyenne, qui n'est toujours pas opérationnelle trois ans après la révolte, a démenti toute implication dans les affrontements. "L'opération va continuer jusqu'à purger Benghazi des terroristes", a déclaré Khalifa Haftar. Un porte-parole de la force de Haftar, le colonel Mohamed Hijazi, a demandé dans un communiqué aux habitants des quartiers de Guewercha et de Sidi Fradj de partir, sans pour autant dire si une nouvelle attaque était envisagée dans ces banlieues considérées comme des fiefs de groupes islamistes. Samedi, la situation est restée calme à Benghazi jusqu'en fin d'après-midi, quand un avion militaire a mené un raid contre un groupe d'ex-rebelles islamistes au nord-ouest de la ville, sans faire de victime, selon un de ces ex-rebelles. Le dernier bilan du ministère libyen de la Santé du raid du général Haftar fait état d'au moins 79 morts et 141 blessés vendredi à Benghazi, dans l'Est libyen. Ce raid a été mené malgré une décision de l'armée régulière décrétant samedi une zone d'exclusion aérienne sur Benghazi et sa région, et menaçant d'abattre tout avion militaire survolant la zone. Mais il n'était pas certain que l'armée dispose des moyens nécessaires pour faire respecter la zone d'exclusion aérienne. L'opération de l'ex-général a été diversement perçue au sein de la population. Des observateurs estiment qu'elle pourrait être le prélude à un coup d'Etat militaire et que l'objectif de Khalifa Haftar est de prendre le pouvoir. Mais certains Libyens voient en lui l'homme fort qui pourrait enfin débarrasser le pays des groupes extrémistes, face à des autorités de transition affaiblies et sous l'influence des islamistes. Face à une vague d'assassinats et d'attaques contre l'armée dans l'Est, des tribus et des militaires se sont alliés à la force du général Haftar, appuyé également par des rebelles autonomistes qui bloquent depuis des mois des sites pétroliers dans cette région. Les autorités de transition ne parviennent pas à contrôler les groupes d'ex-rebelles. M T Nom Adresse email