Après la disparition forcée du bouquet Canal Satellite puis de celui de TPS, les téléspectateurs algériens se sont retrouvés un peu perdus, d'autant que Farouk Ksentini n'a pas pris de position sur cette énième atteinte aux droits de l'homme. Dernières disparitions en date, Arte, la chaîne Action, encore claire avant-hier, quoique déjà périmée, et les dernières chaînes Ciné FX et Polar, mauvaises chaînes s'il en est, mais chaînes quand même. Il n'y a plus rien, disait le poète déçu par l'inhumanité. Rien ne sera plus, concluait Sitting Bull, l'Indien dont le peuple était décimé en direct par le général Custer. Que reste-t-il ? L'ENTV et ses clones, qui s'évertuent à fabriquer une société artificielle au bon plaisir des dirigeants, chaîne que personne n'a réellement envie de voir et qui dépense plus d'argent dans les salaires de ses secrétaires que dans l'achat de bons films. Ne reste-t-il vraiment rien ? Non. Maintes fois colonisé, l'Algérien a appris par obligation à comprendre le phénicien, le romain, l'arabe, l'espagnol, le turc et le français. L'Algérien, à l'instar des siens partis ailleurs, en Scandinavie ou en Lettonie, et qui ont appris la langue locale en quelques mois, va apprendre de nouvelles langues. Celle des chaînes suisses, déjà une autre francophonie en plus neutre, des chaînes brésiliennes, pourquoi pas, des chaînes arabes, riches mais conservatrices, des chaînes turques, américaines et slovènes. L'Algérien va s'ouvrir de nouveaux horizons, va casser de nouvelles fenêtres et enfin dépasser le petit PAF français. L'Algérien va apprendre le danois, l'allemand, et faire de ses enfants des polyglottes de l'écran. Les fainéants regarderont des DVD, les plus fainéants iront se scotcher sur les chaînes tunisiennes ou celles du Golfe. Mais pour ceux qui ont une tête en plus des yeux, une nouvelle ère commence.