La journée d'information sur le sel iodé alimentaire de qualité, organisée par l'Enasel à Béjaïa, a permis en substance de dresser des constats sur les carences en consommation d'iode et la situation sanitaire engendrée. Le détail des données est alarmant. Ferhat Taha Hossine, le directeur général de l'entreprise, se veut pourtant rassurant quant à la qualité du sel mis sur le marché par l'Enasel. A la certification de son système de management de la qualité, selon la norme ISO 9001-2000, est venue s'ajouter la certification de ses produits selon le référentiel TEJ de l'Institut algérien de normalisation (Ianor). Par ailleurs, l'Enasel, produisant 350 000 t par an, dont plus de la moitié va à l'exportation, se réfère, dans le contexte de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, au codex Alimentarus régissant la qualité des produits mis sur le marché par les Etats membres. Mais l'entreprise étant concurrencée à hauteur de 50% sur le marché national par les producteurs privés, M. Ferhat ne manquera pas de montrer du doigt ce secteur. Cela en donnant l'exemple des boulangers consommant 40 000 t de sel par an, alors qu'ils sont approvisionnés seulement à 10 % par son entreprise d'où son estimation de la mise sur le marché chaque année de « 9 milliards de baguettes sans iodation de sel ». Ce qui, traduit en consommation, donnera 5 millions de ménages qui consomment du pain sans sel iodé. Le docteur Hadj Lakehal, du département de la protection et de la promotion de la santé à l'Institut national de santé publique d'Alger, a situé, lors de son intervention, la zone particulièrement touchée dans notre pays, un quadrilatère délimité au nord par Ténès et Skikda et au sud par Boghar et Constantine et un foyer circonscrit à l'ouest à Nedroma. Pour la région de la Kabylie, le docteur Hadj Lakehal citera la forte « endémicité » sévissant de Medjana à Akbou et dans la zone de Aïn El Hammam. L'iode, expliquera-t-il, est un oligo-élément indispensable à la fonction thyroïdienne, à la croissance du cerveau, à son développement et à son fonctionnement. Sa carence cause un dommage cérébral se caractérisant par une diminution de la capacité cognitive, un retard mental, le ralentissement de la croissance et le goitre avec le risque de multiples complications : évolution cancéreuse, désordre neurologique (marche anormale, ataxie,…), avortement, prématurité, mortinatalité... Le docteur Boussenada, de la direction générale du contrôle économique et de la répression des fraudes au ministère du Commerce, reviendra sur les troubles dues à la carence en iode (TDCI) et dressera un inventaire des infractions commises globalement en matière de respect des règles commerciales et de la qualité requise pour les produits vendus, dont fait partie l'écoulement du sel non iodé. L'application des recommandations de l'OMS, du FAO, de l'OMC et de l'UE fait obligation de l'exécution de l'accord sur les OTC et les SPS. En ce sens, apprend-on, après l'obligation d'étiquetage, un projet d'arrêté rendant obligatoire pour le producteur le contrôle de la qualité est en cours d'élaboration. Signalons qu'à la fin du séminaire deux kits de contrôle sur le site de la commercialisation ont été remis à la DCP de Béjaïa.