Un air de jeunesse souffle sur cet opus «Je n'ai jamais annoncé un jour ou l'autre, que je vais me retirer ou prendre ma retraite de la scène artistique nationale», a précisé Lounis Aït Menguellet. Le célèbre chanteur Lounis Aït Menguellet revient sur la scène nationale après quatre longues années d'absence. S'exprimant hier, dans une salle de conférences archicomble, à Riad El Feth, le poète et philosophe Lounis Aït Menguellet vient de lancer son album Isfra (les poèmes) composé de huit chansons dont la maison d'édition n'est autre que son ancien éditeur et ami Izem. «Si je pouvais produire un CD chaque six mois, je le ferais avec plaisir. Mais c'est une question d'inspiration ni plus ni moins», a-t-il répondu à la question à son retour après quatre ans d'absence. Se présentant avec un nouveau look et un sens de l'humour inconnu d'un grand nombre de ses fans, Lounis Aït Menguellet n'a pas manqué de revenir sur une déclaration relative à sa retraite ou son retrait de la scène artistique. «Depuis que j'ai commencé à chanter, je n'ai jamais annoncé un jour ou l'autre que je vais prendre ma retraite. Bien au contraire, je souhaite vivre très longtemps afin de produire encore autant que possible», a-t-il fait savoir en réponse à un article de presse qui a parlé de son retrait à l'occasion de la sortie de son nouvel album. L'album comprend huit chansons thématiques, à commencer par Isfra, Ddine amcum «la dette», Tamttut «la femme», Ageffur «la pluie», Aawaz «la veillée», Ruh a zzman «le temps qui passe», Walagh «j'ai vu» et Isfra nidden «les autres poèmes». Accompagné de ses deux enfants Tarik et Djaâfar, des membres de sa famille, le DG de l'Onda, M.Bencheikh ainsi que Arezki Azzouz, un excellent modérateur et voix radiophonique, son fameux éditeur Izem qui a dit que «l'édition de la chanson kabyle en Algérie est un acte de militantisme», Lounis Aït Menguellet a eu aussi la surprise de rencontrer l'icône de la chanson moderne, Takfarinas, qui a évité toute déclaration ou commentaire par respect à son aîné. La rencontre a été l'occasion pour de nombreux fans de l'approcher. En philosophe et poète averti, cet artisan du verbe, très à l'aise pouvait passer des heures et des heures à répondre à toutes les questions qui lui ont été posées pour peu qu'elles restent dans le cadre culturel et artistique. D'ailleurs, Lounis n'a pas hésité à répondre par des poèmes qui mon- trent toute la dimension du sens qu'il voulait dégager. «Je chante Ddine amchum». Il s'agit d'une dette morale ou culturelle à rembourser. Cela n'a rien à voir avec la religion, comme l'ont compris certains» avant de souligner que «avant de porter des jugements sur telle ou telle chanson, il faut écouter le couplet jusqu'à à la fin pour comprendre le raisonnement complet d'une chanson», dit-il. Les poèmes sont des poèmes qui déclament des vérités et des réalités que tout un chacun ressent. Ce que Lounis Aït Menguellet ne peut prononcer dans la violence verbale, il le transforme en un message philosophique ou poétique qu'il arrange avec des musiques qui correspondent à la nature des textes afin de donner un sens à l'existence. Djaâfar, musicien à ses côtés, son deuxième fils, Tarik, qui dégage un esprit de créateur dans un autre domaine, au point de laisser Lounis Aït Menguellet parler de la qualité des textes de Tarik. «C'est peut-être l'occasion de faire connaître aussi le talentueux Tarik qui écrit des textes assez importants et qui peuvent intéresser bon nombre d'éditeurs.» Hommage à la femme Un fait marquant, c'est la première fois que Lounis dit ce qu'il en pense devant les médias. «Si je chante la femme, c'est d'abord la maman, la soeur, la fille. Je ne donne pas de leçons, mais c'est un rappel que je fais dans ma chanson», dira-t-il en réponse à un éventuel changement de cap du style classique, culturel et sociologique de ce chanteur qui a réveillé l'intelligence du peuple depuis ses premières notes en tant que chanteur et interprète. Tous les chanteurs, les écrivains, les peintres chantent et écrivent sur la femme. «La femme joue un rôle essentiel dans la vie de chaque famille et société. Ce n'est pas en revenant avec une chanson pour rendre hommage à la femme que je change de conduite», dit-il avant de lancer que «si je me vois un jour changer de conduite, je vais arrêter toute production», répond-il pour couper court à ceux qui croient que Lounis Aït Menguellet change de style ou de son caractère de poète qui ne badine pas sur la force du verbe. Le chantre de la chanson kabyle a reconnu que la chanson kabyle a connu un succès beaucoup plus important dans la période néfaste de la dictature où la censure fait sienne à tous les niveaux. «C'est vrai que la qualité de la chanson kabyle était plus élevée durant la période faste de la dictature. Mais, je ne partage pas l'avis de ceux qui pensent que le chant kabyle se dégrade de plus en plus», dit-il avant de souligner que «les thèmes changent selon les événements que subit tout peuple et particulièrement le peuple algérien». Lounis a souligné que le titre de son nouvel album, Isfra, converge de très près avec son fameux album Thirgwa. «Isfra correspond exactement à Thirgwa. Parce que, c'est d'abord la composante de plusieurs poèmes. Et Isfra c'est aussi le retour de Thirgwa», a-t-il expliqué dans un esprit lucide et digne des grands philosophes de cette planète et il faut le dire sans complexe. A un sujet relatif au danger de la mondialisation qui se répercute directement sur les cultures des peuples, l'artiste souligne que «le meilleur moyen de sauvegarder les cultures des uns et des autres, c'est de respecter les spécificités de chaque peuple, afin d'éviter de tomber dans les geôles des politiques culturelles qui tendent vers l'anéantissement de la différence et des diversités». A une question portant sur la rumeur de délivrance d'un prix Nobel de la littérature pour le chanteur Lounis Aït Menguellet, ce dernier a révélé qu'il a déjà entendu parler de cela. «Le fait que des gens aient déjà l'idée d'un prix Nobel de littérature pour moi, je suis déjà honoré», dira-t-il, tout en écartant la possibilité de cette chance du moment que le domaine de la littérature c'est une chose et la chanson c'en est une autre, fera-t-il savoir. «Ça fait chaud au coeur d'entendre cela.» Les 13 et 14 juin à la salle Ibn Khaldoun En plus d'une tournée qu'il va organiser durant le prochain Ramadhan dans plusieurs wilayas, Lounis Aït Menguellet se produira les 13 et 14 juin à la salle Ibn Khaldoun à Alger. Répondant à une question portant sur le retour à la production d'un CD par an, l'artiste a affirmé qu'il ne fait jamais de programme ou de calcul. La production dépend de son inspiration. L'artiste ne prend jamais de retraite.