Le mouvement de protestation à Laghouat ne faiblit pas. Menée principalement par les chômeurs, la vague de contestations enregistrée entre avril et mai a marqué le retour des protestations après le scrutin du 17 avril. «Nous restons solidaires avec tous ceux qui luttent pour leurs droits ici à Laghouat ou ailleurs dans les autres régions du pays», déclare Belkacem Khencha, militant influent des chômeurs. Le décès suspect d'une femme à l'hôpital du centre-ville, le jour de l'élection, a engendré une vague de protestations au lendemain des résultats. «Cette femme est décédée dans des conditions précaires. Elle est restée trois nuits sans prise en charge», affirme Erreg Mohamed, militant chômeur. Le 18 avril, des citoyens soutenus par les chômeurs ont procédé au blocage de la RN 1 suivi d'un sit-in devant l'hôpital pour réclamer la vérité sur ce décès et juger les responsables. Une semaine après le scrutin, c'est au tour des agents de sécurité de la Sarl 2SP à Hassi R'mel, une société de sécurité, d'entamer une grève de trois jours. Ils revendiquent, entre autres, la mise à niveau de leurs salaires avec ceux de Sonatrach. Lorsqu'ils étaient 246 agents à protester, de retour de congé, 38 d'entre eux ont été démis de leurs fonctions. Aujourd'hui, ils refusent d'être mutés à Brezina, au sud d'El Bayadh. «La direction de Sonatrach ne veut plus de nous à Hassi R'mel, alors que nous tenons à y revenir», affirme Zohir Ben Sghir, chef de groupe à la Sarl 2SP. Dimanche 18 mai, la police de Laghouat procède à une opération de retrait de permis et de mise à la fourrière de 60 taxis clandestins. Un sit-in a été observé ensuite devant la brigade de gendarmerie et sur RN1. L'action a été soutenue par les chômeurs et une trentaine de clandestins. Le 19 mai, un sit-in a été organisé devant le tribunal de Laghouat en solidarité avec un ancien détenu islamiste originaire de Laghouat, emprisonné depuis 1994 à Annaba. «Nous avons demandé sa libération et celle de tous les détenus politiques conformément à la charte pour la réconciliation nationale», explique Belalmi Brahimi, militant chômeur. Ce dernier a été lui-même interpellé mardi dernier par la police en compagnie de son frère lors d'une opération de démantèlement d'un marché informel au centre-ville. Les chômeurs ont vite organisé un sit-in en ville en soutien. Les deux frères ont été libérés à la fin de la journée. D'après Belkacem Khencha, une action des chômeurs est programmée pour début juin à Hassi R'mel.