Deux députés suisses ont interpellé la semaine dernière leur Parlement sur la menace qui pèse sur les droits humains en Algérie. Luc Recordon du Parti écologiste suisse (les Verts) a déposé au bureau de la chambre basse du Parlement suisse son « interpellation » le 22 juin. Jean-Claude Rennwald, député socialiste, vice-président du canton du Jura, l'a fait le lendemain vendredi 23 juin. L'action de ces deux députés, première du genre, a eu le soutien d'une dizaine d'autres parlementaires. Il s'agit notamment de Didier Berberat (socialiste), Remo Gysinn (socialiste, canton de Bâle-Ville), la communiste Marianne Huguenin, présidente du Parti socialiste du travail, Francine John-Calame du Parti écologiste suisse, Ueli Leuenbergervice-président Parti écologiste suisse, Carlo Sommaruga (socialiste) et Pierre Vanek de l'Alliance de Gauche (AdG), canton de Genève. A travers leur initiative, ces parlementaires veulent sensibiliser leur gouvernement quant à la situation préoccupante des droits de l'homme en Algérie, à l'heure d'un rapprochement entre deux Etats. Luc Recordon a demandé ainsi au Conseil fédéral de Berne s'il a pris connaissance de la situation économique et sociale très grave, ainsi que des atteintes persistantes et répétées aux droits humains en Algérie. Mettant en relief la détérioration des conditions de vie du peuple algérien, M. Recordon attend du conseil de prendre une position « franche et claire » contre ces graves atteintes. Il a en outre relevé dans son exposé la dégradation continue du pouvoir d'achat des Algériens au moment où le pays dispose d'une manne financière importante résultant des exportations des hydrocarbures. Comme il a souligné les problèmes multidimensionnels auxquels sont quotidiennement confrontés les Algériens tels que le chômage et la crise du logement. « Pour aggraver encore considérablement le tableau, les libertés publiques continuent à être bafouées, malgré une certaine atténuation des disparitions et embuscades, plus ou moins clairement encouragées en sous-main par les autorités ; les arrestations et condamnations arbitraires sont légion, il n'est, de plus, pas rare de constater des confiscations de biens ou de déplacements de personnes tendant à favoriser des gens proches du pouvoir », a-t-il écrit au Conseil fédéral. Il estime aussi que la liberté de la presse et des médias est en lambeaux. Même constat fait par le socialiste Jean-Claude Rennwald, qui a insisté sur l'absence du pluralisme syndical. « Les plus flagrantes violations résident sans doute dans le mépris total des libertés syndicales : en dehors du syndicat étroitement lié au parti dominant, l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), il est quasiment impossible d'exercer convenablement une activité de ce type sans encourir des mesures comme la suspension ou la perte de son emploi, des poursuites judiciaires, des assignations, des interdictions de voyage, en particulier dans la Fonction publique », a-t-il écrit de son côté. Le Conseil fédéral devra répondre à ces interpellations lors de la session d'automne 2006 du Parlement fédéral suisse, qui aura lieu du 18 septembre au 6 octobre prochains.