Les plus flagrantes violations enregistrées résident dans le mépris des libertés syndicales. Des députés suisses ont saisi le Conseil fédéral (gouvernement suisse) sur la situation des droits de l'homme en Algérie. Issus des deux courants, socialiste et écologiste, ils ont déposé, la semaine précédente, la mouture d'interpellation au niveau de la chambre basse du Parlement, pour dénoncer ce qu'ils qualifient «de graves menaces sur les droits syndicaux» et les «restrictions des libertés individuelle et politique». En substance, le gouvernement suisse est appelé à réviser ses relations avec l'Algérie. Trois questions lui sont adressées dans ce sens. La plus importante est en rapport avec l'intérêt de sanctionner une situation marquée par les atteintes aux droits de l'homme par une politique de rapprochement entre les deux pays. Le gouvernement a-t-il connaissance de la situation économique et sociale très «grave», ainsi que des atteintes persistantes et répétées aux droits humains en Algérie? s'interrogent les députés. Les moutures déposées les 22 et 23 juin derniers ont brossé un tableau critique sur les situations économique et sociale en Algérie. «Les salaires stagnent ou baissent à un niveau très bas vu les prix, soit à moins de 300 francs suisses par mois en moyenne ; le chômage frappe quelque 30% de la population; le taux d'occupation des logements, très difficiles à obtenir, est supérieur à sept personnes en moyenne». Quant aux budgets de l'Education et de la Santé «ils se sont réduits en quinze ans comme peau de chagrin». Tout cela se passe en dépit du flux continu de la manne résultant de la vente du pétrole et du gaz, font-ils remarquer. Les statistiques officielles du gouvernement contredisent l'état des lieux fait par les députés suisses. Cela concerne le chômage qui, selon les derniers chiffres, ne dépasse pas la barre des 15% de la population active. Les budgets de l'Education et la Santé ont connu une augmentation remarquable ces dernières années. Les parlementaires suisses sont-ils plus informés que leur gouvernement? Sur un autre volet, les parlementaires ont stigmatisé les atteintes aux libertés publiques «qui continuent à être bafouées». Les plus flagrantes violations résident dans le mépris total des libertés syndicales: «En dehors de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta), il est quasiment impossible d'exercer convenablement une activité de ce type sans encourir des mesures comme la suspension ou la perte de son emploi, des poursuites judiciaires, des assignations». La liberté de la presse et des médias est en lambeaux. Devant ce panorama très inquiétant, on peine à comprendre que le Conseil fédéral ait choisi de manifester ouvertement une volonté de rapprochement avec le gouvernement algérien et on se demande si davantage de retenue n'est pas indispensable ou si au moins une telle politique ne peut être mise au service de l'obtention de résultats tangibles dans l'amélioration de la situation du pays en question, au moins du point de vue des droits humains; en l'état, cela ne semble pas être le cas.