L'Algérie peine à attirer les Investissements étrangers directs (IDE), selon différentes études élaborées par les cabinets d'expertise. Ainsi, Ernst and Young, dans un rapport sur l'attractivité de l'Afrique en 2014 publié récemment, classe l'Algérie après le Maroc et l'Egypte en termes d'attractivité. L'Afrique du Nord, globalement, a perdu du terrain et s'est retrouvée au bas de l'échelle. Le cabinet qui a mené une enquête auprès de 500 chefs d'entreprise du monde entier afin de connaître leur «vision du potentiel offert par le marché africain» relève, certes, une hausse de 5,7% de la part du continent africain dans les projets mondiaux d'IDE en 2013. Cependant, l'Afrique du Nord plombe les résultats. Elle laisse sa deuxième place à l'Afrique de l'Ouest. En 2013, les projets en Afrique du Nord diminuaient de près de 29%, à 129 contre 181 en 2012. Casablanca reste, en effet, selon la même source, la «première destination pour faire des affaires en Afrique du Nord, en grande partie en raison de son environnement politique relativement stable». Cette dernière cite dans le même sillage Le Caire, Tunis et enfin Alger, mais surtout pour les opérations commerciales. En somme, le Maroc et l'Egypte sont considérés comme les deux pays les plus attractifs avec 55% des investisseurs concernés par l'enquête, même s'il y a eu recul en termes de classement. Ce qui est clair, c'est que l'Algérie peine toujours à améliorer la perception des opérateurs étrangers de son climat d'affaires. Seuls l'Afrique du Sud et le Nigeria ont conservé leurs positions de premier et troisième du classement par rapport à 2012, avec respectivement 142 et 58 projets. Pratiquement, tous les pays ont progressé dans le classement (le Kenya avec 68 projets, le Ghana avec 58 projets ou le Mozambique avec 33 projets). Même la Zambie et l'Ouganda ont rejoint les 10 premiers pays en 2013. L'Afrique de l'Ouest et l'Afrique de l'Est sont par ailleurs passées devant le Maghreb, devenant les deuxième et troisième sous-régions les plus attractives. L'autre rapport qui accable l'Algérie dans le domaine des affaires émane de la Banque africaine de développement (BAD). Un document publié la semaine dernière et dans lequel la BAD rappelle que les réformes et le démantèlement du secteur industriel public ont abouti à une privatisation des actifs, une substitution des importations à la production nationale, une faible productivité et un développement du secteur informel. Des points qui constituent, faut-il le noter, des freins à l'investissement national et étranger. Face à cette situation, le gouvernement a entamé, en 2013, une politique encadrant la relance et l'intégration industrielles des filières avec pour objectifs l'augmentation et la diversification de la production nationale ainsi que la création d'emplois. Cependant, ces mesures n'avancent pas au rythme souhaité. Ce qui ne joue pas en faveur de l'économie nationale qui présentait selon le même document «des signes d'essoufflement au cours de l'année 2013» concernant «la position extérieure». Cette tendance s'est poursuivie lors des quatre premiers mois de cette année avec la hausse de la facture des importations des produits stratégiques comme les céréales, alors qu'en parallèle de nombreux projets d'investissement annoncés en grande pompe ne sont pas mis en œuvre sur le terrain. Les chiffres optimistes de l'ANDI L'Agence nationale de développement de l'investissement (ANDI) dresse à chaque occasion des bilans d'apparence positifs, mais ces derniers sont souvent contestés par les économistes et les opérateurs économiques qui mettent en exergue le décalage entre les chiffres de l'agence et la réalité du terrain. La lenteur des procédures à suivre avant le lancement des projets explique, entre autres, cette différence et ce scepticisme chez les acteurs du monde des affaires. A titre illustratif, pour le premier trimestre de l'année en cours, l'Agence a fait ressortir un bilan qu'elle juge positif. Ella a dévoilé le montant de 682 milliards de dinars de dossiers d'investissements déclarés, dont la moitié dominée par les investissements en création avec plus de 1500 projets (plus de 57%). Selon l'ANDI, la prédominance des investissements en «création», avec 1505 projets inscrits, soit 57,18% du total, est confirmée, suivie des investissements en «extension», soit 1039 projets (39,48%). La répartition des investissements par secteur juridique durant les trois premiers mois de 2014 montre un affermissement du secteur privé avec 97,57% des projets inscrits, suivi du secteur public avec un taux de 2,85%, et enfin du secteur mixte avec un taux de 0,49%. A noter qu'au cours de cette période, les investissements locaux prédominent avec 2615 projets déclarés à travers le territoire national, soit 99,4% du total des projets déclarés pour une valeur de 553 milliards de dinars (81%). Les IDE ne sont que de l'ordre de 0,6% avec 17 projets, pour un montant de 129 milliards de dinars (près de 1,8 milliard de dollars) ; il y a dans ce cadre une croissance par rapport à la même période de 2013. Mais cela reste faible par rapport aux aspirations de l'Algérie, notamment en termes de transfert de savoir-faire. L'annonce de la révision du code de l'investissement réussira-t-il à drainer plus d'investisseurs ? Cela dépend du temps que prendra l'application d'une telle mesure, mais globalement de l'amélioration de l'ensemble des indicateurs liés au climat des affaires comme les crédits bancaires et le foncier industriel dont la demande reste importante avec une croissance de 40% en 2013 par rapport à 2012, selon le dernier rapport de l'Agence nationale de l'intermédiation et de la régulation foncière (ANIREF). Une agence qui semble ne pas avancer dans les projets de réalisation de zones industrielles intégrées. C'est autour de toutes ces questions et bien évidemment autour de la gouvernance économique qu'il y a lieu d'intervenir, de l'avis des experts, pour amorcer le tournant en matière d'investissements. Autant de signaux qui attendent d'être donnés aux partenaires de l'Algérie pour lui permettre de s'intégrer dans la production mondiale. A condition de ne pas s'enliser, selon le PNUD (Programme des Nations unis pour le développement), dans des activités à faible valeur ajoutée. Et c'est le cas pour la majorité des pays africains appelés à sortir du cercle des exportations des matières premières. «Contourner cet écueil implique d'investir dans de nouveaux secteurs plus productifs, développer les compétences, créer des emplois et acquérir de nouvelles technologies et informations sur le marché», suggère le rapport du PNUD publié la semaine dernière.