Lorsqu'un Etat surarmé et belliqueux comme Israël pratique à une grande échelle le terrorisme d'Etat, il ne fait que justifier et nourrir les attentats suicide désespérés des Palestiniens, qui luttent pour libérer leur pays, y compris en se faisant déchiqueter sous les bombes. Depuis sa naissance en effet en 1948, l'Etat d'Israël est au coeur d'une violence et d'une instabilité chroniques au Moyen-Orient et dans le reste du monde. L'assassinat du Cheikh Yassine n'est que le dernier acte de cette politique de terrorisme programmé, planifié, financé et supervisé au plus haut sommet de l'Etat sioniste. N'est-ce pas que la radio israélienne n'a pas hésité à rapporter que c'est le Premier ministre israélien Ariel Sharon lui-même qui avait ordonné l'exécution du Cheikh Yassine. «M.Sharon a personnellement donné son feu vert à l'élimination de Cheikh Yassine et a supervisé l'opération.» Alors que l'armée israélienne a confirmé dans un communiqué avoir «liquidé Cheikh Ahmed Yassine». Le sort injuste réservé par Israël au peuple palestinien, sa politique d'apartheid avec l'édification du mur, ses exactions quotidiennes contre des civils désarmés, mais aussi les soutiens multiformes dont ce pays bénéficie sur le plan international, servent de justificatif auprès des masses arabes, mais pas seulement, à tous les actes terroristes dont se prévalent des organisations comme Al Qaîda qui a revendiqué les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, ou ceux du 11 mars à Madrid. Et ce ne sont là que des exemples. Le secrétaire général de la Ligue arabe, M.Amr Moussa a eu raison de déclarer à partir de Tunis que l'assassinat de Cheikh Yassine est l'expression du «terrorisme d'Etat dans sa forme la plus hideuse». Il résume bien l'appréciation que l'on peut porter sur la méthode Sharon. Malheureusement ce n'est pas d'aujourd'hui seulement que date cette politique à la fois ségrégationniste et haineuse qui vise l'extermination du peuple palestinien. Cette mort du leader du mouvement Hamas servira-t-elle au moins à faire prendre conscience au monde entier de la nécessité de mettre un terme à cette pratique ignoble de terrorisme d'Etat et de trouver une solution définitive à cette crise israélo-palestinienne qui dure depuis plus d'un demi-siècle. C'est en substance ce que réclame le ministre palestinien chargé des négociations Saeb Errakat, en demandant «une protection internationale» aux Palestiniens, qui ont, selon lui, perdu depuis début mars, 64 martyrs, victimes des attaques israéliennes. «Le monde entier doit comprendre que le cycle de la violence, le chaos et l'effusion de sang ne pourront jamais s'arrêter par les assassinats, la construction des murs et des colonies de peuplement.» Jamais dans l'histoire, un Etat n'a réussi à se maintenir en semant la terreur et en appliquant la ségrégation, sauf apparemment l'Etat d'Israël qui bénéficie en outre de la bénédiction des puissances de ce monde. Le roi Abdellah de Jordanie lui-même, dont le pays a pourtant signé un accord de paix avec Israël, a estimé que ce crime ne «conduira qu'à plus d'escalade, de violence et d'instabilité dans la région.». Mais pour l'instant, Israël jouit de l'impunité la plus totale, et comme Ponce Pilate, se lave les mains des conséquences de ses actes terroristes sur la stabilité et la paix dans le monde.