La parité hommes-femmes» dérange… les islamistes. Proposée par la commission Azzouz Kardoun comme une mesure devant être intégrée dans la nouvelle Constitution, elle suscite déjà une levée de boucliers. Comme pour le système de quotas réservés aux femmes dans les assemblées élues, imposé aux partis à l'occasion des élections législatives et locales de 2012, la proposition d'introduire l'article 31 bis dans la prochaine Loi fondamentale suscite déjà la polémique que l'on peut qualifier de stérile. Celle-ci est nourrie actuellement par le président du Front du changement (FC), Abdelmadjid Menasra. Omettant tous les débats sur l'équilibre des pouvoirs, le fonctionnement des institutions et même le respect de la Constitution, le président du FC, un nouveau parti islamiste, focalise toute son énergie sur l'article 31 bis proposé par la commission d'experts chargée par le président Bouteflika, en 2013, d'élaborer la mouture de la nouvelle Constitution. Un article qui stipule que «l'Etat œuvre à la concrétisation de la parité hommes-femmes en tant qu'objectif final et en tant que facteur d'émancipation de la femme, d'épanouissement de la famille, de cohésion et de développement de la société». Abdelmadjid Menasra menace de mener campagne contre «cette mesure jugée contraire aux principes de la religion et des constantes nationales». «Cet article reste flou. Il ne précise pas son objectif et le domaine dans lequel cette parité devra être effective. Si ceux qui la proposent visent les institutions élues, nous dirons que cela n'est pas démocratique. Si on impose un quota pour les femmes, cela devient une désignation et non pas une élection», souligne Rebouh Idris, chargé de communication du FC, contacté hier. Notre interlocuteur tente toutefois d'expliciter la position de son parti sur la «question des femmes». «En Algérie, la femme n'est pas un problème. Elle occupe des postes de responsabilité à tous les niveaux et cela n'est jamais remis en question. Pour nous, le plus important c'est la compétence. L'homme ou la femme ne doivent être jugés que sur leurs compétences», dit-il, estimant que l'article en question «serait dicté à l'Algérie par des organisations étrangères». Pourquoi une telle disposition dérange-t-elle Abdelmadjid Menasra ? Visiblement, ce transfuge du MSP refuse de s'adapter avec l'évolution du monde et de la société algérienne. Son discours sur cet article qu'il qualifie de «flou» et sa position par rapport à la femme font apparaître le vrai visage de cette islamiste radical. Il s'agite dès qu'il s'agit de la situation des femmes, alors que les propositions de la présidence de la République en vue d'aller à une Constitution «consensuelle» offraient beaucoup de matière à débattre.