Les habitants craignent une sérieuse dégradation pour ce lieu mythique de la ville. L'APC de Souk Ahras a récemment affecté un montant de 190 millions de dinars pour la réhabilitation de la place de l'Indépendance. La maquette telle que présentée par l'architecte choisi pour la conception du projet, prévoit un sous-sol où seront réalisées des toilettes publiques. Les citoyens se sont posés plusieurs questions sur l'utilité du projet et cette fixation des édiles communaux sur les espaces légués par l'administration coloniale. «N'a-t-on pas la possibilité de créer de nouveaux espaces avec des enveloppes conséquentes au lieu de se rabattre sur les vieilles œuvres ?» s'est demandé, un ex-élu, architecte de son état. Abdelkrim, un retraité de l'éducation ironise : «Au lieu d'un fleuriste, d'un espace de projection, d'un café-théâtre… on offre aux flâneurs de Souk Ahras une cache pour les marginaux et une odeur d'urine». Creuser un espace souterrain causera des désagréments certains pour ce point de rencontre pour des centaines de véhicules qui convergent vers ce lieu exigu du centre ville. Entravée déjà par les chantiers multiples et les désagréments causés par un entrepreneur le long des rues Frantz Fanon et Larbi Benmhidi, la circulation routière sera doublement affectée par ledit projet. La même maquette prévoit un kiosque dont on ignore la vocation et par quel moyen il sera affecté à l' «heureux» futur bénéficiaire. La question suivante a été posée par un gérant de café qui y voit une véritable menace pour l'équilibre urbanistique de cette place publique : «Si des constructions sans âme telles que celles de la cité Zedira Ali, attribuées, depuis deux années, sont porteuses d'anomalies criardes, qu'en est-il d'un éventuel projet -avec une ouverture souterraine- qui demande souvent un exécutant diplômé et une main d'œuvre spécialisée. Or nous n'avons que des entrepreneurs qui débarquent d'horizons différents et qui ne conçoivent aucunement l'œuvre avant de se lancer dans le projet ?». Un autre risque soulevé par les habitants de Souk-Ahras concerne les platanes séculaires qui risquent d'être affectés par les travaux. Des indiscrétions parlent même de la disparition de deux à trois de ces arbres. L'un des membres de l'APC s'en défend avec les propos suivants : «Les habitants de la ville de Souk-Ahras sont liés depuis longtemps à ce lieu de rencontre et de détente qu'ils ne peuvent plus voir dans l'état de dégradation dans lequel il est. L'APC a décidé, après concertation de tous les élus, de redorer le blason de cet espace, délaissé auparavant par les assemblées qui nous avaient précédés». Concernant l'absence d'un autre projet similaire dans les nouvelles agglomérations et autres cités dortoirs, l'un de ses pairs ajoutera : «Une nouvelle place publique avec commodités, sera réalisée à la cité Baoulou et nous comptons généraliser l'expérience à travers toutes les autres cités car nous sommes conscients que ces dernières ne sont guère alignées aux normes urbanistiques requises».