Des dizaines d'espaces communaux sont squattés quotidiennement par des individus jouissant de pouvoir et de complicités à plusieurs niveaux. Au moment où citoyens, promoteurs et pouvoirs publics parlent de saturation du foncier à Souk Ahras, d'aménagement urbain qui laisse à désirer et de projets d'utilité publique en quête de lieux d'implantation, des dizaines d'espaces communaux sont quotidiennement squattés par des individus jouissant de pouvoir et/ou de complicités à plusieurs niveaux. Le scandale est provoqué depuis quelques jours par un groupe de gens se disant proches d'un haut responsable installé à Alger. Le lot de terrain, sis à la cité Baoulou, appartenant à ce dernier, et qui a été délimité, lors de son attribution par l'agence foncière locale, à 800 m2, vient de connaître une extension anarchique sur un espace public dépassant les 2 000 m2. Des citoyens témoins de cette dilapidation, ont décidé de briser le mur du silence et dénoncer les auteurs de cette transgression. Dans la correspondance adressée au président de la République, au Premier ministre et à tous les responsables locaux nous lisons ceci: « (…) le lot faisant l'objet de contestation vient de connaître une extension illicite sur un espace vert qui constitue la seule voie d'accès à la cité où nous habitons. Nous en avons avisé les instances compétentes». B.Kamel, D. Messaoud, M.Khemissi, M.Rabah, R. Khelifa C. Kamel … et plusieurs autres habitants de ce quartier, promettent de ne point lésiner sur les moyens légaux pour empêcher ce qu'ils qualifient de «provocation et d'affront à la population locale». Le premier n'y va pas de main morte et affirme: «Nous défendons le droit de vivre dans une cité, aérée et accessible. Les institutions de l'Etat doivent défendre, à leur tour, leur propriété. Chiche». Le cinquième dit: «Nous sommes choqués de voir tant de courtiers, de courtisans et de complices dans cette affaire d'opinion publique et d'abus de pouvoir». Mohamed Fettar, le P/APC de Souk Ahras, a déclaré que le problème soulevé par ces citoyens est du ressort de l'agence foncière locale qui est propriétaire du terrain. Il a, toutefois, expliqué que dans les cas avérés de construction illicite, l'APC doit être saisie officiellement par le président du comité de quartier pour que la démolition soit exécutée conformément aux textes en vigueur. Il citera, à ce titre, 15 baraques démolies durant ce mois de Ramadhan. Voici la version du directeur de l'agence foncière de Souk Ahras: «Le propriétaire du lot en question n'a droit qu'à 800 m2 dont une partie a été régularisée après un premier empiétement. La partie faisant l'objet de contestation de la part des citoyens n'a jamais été attribuée par nos services parce que considérée comme espace public. Il s'agit bel et bien d'un autre empiétement de la part du propriétaire de la parcelle». Nous venons d'apprendre, par ailleurs, qu'une partie des 2 000 m2, convoités par la famille de ce haut responsable, est traversée par un réseau de canalisation des déchets industriels d'une entreprise publique et ne peut, de ce fait, faire l'objet de travaux sans plan de masse ni étude technique approfondie.