La questions sécuritaire au Sahel et le partenariat dans le domaine économique. Ce sont les principaux points au menu des discussions entre les responsables du gouvernement algérien et le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui est arrivé hier à Alger, en visite «d'amitié et de travail» de deux jours. Très préoccupée par la dégradation de la situation sécuritaire en Libye et l'instabilité qui persiste au Mali, la France multiplie les contacts avec l'Algérie en vue de parvenir à une solution commune. Elle appuie, à cet effet, la médiation algérienne dans les conflits régionaux. «Je rends hommage au rôle pacificateur que joue utilement l'Algérie au Mali et dans la région», a affirmé M. Fabius lors d'une conférence de presse, animée hier conjointement avec son homologue algérien, Ramtane Lamamra. Le chef de la diplomatie française estime, dans ce sens, que les deux pays partagent les mêmes visions sur «les sujets qui préoccupent, comme le Mali». «Je voudrais juste dire que sur les questions régionales, l'analyse de la France et de l'Algérie est une analyse convergente, voire identique. Nous sommes des pays de paix. Nous travaillons pour la sécurité et la paix. Nous sommes des pays attachés au développement de la sous-région et de tout le continent africain», précise-t-il. Selon lui, «il n'y a pas de développement sans sécurité». Défendant longuement les interventions françaises au Mali, en Libye et en Centrafrique, M. Fabius plaide pour le dialogue entre «le gouvernement malien et le groupe du Nord» (les Touareg de l'Azawad, ndlr). Les déclarations du ministre français sont appuyées par son homologue algérien, Ramtane Lamamra : «Sur le plan régional et international, nous sommes appelés à échanger des points de vue, des informations et des analyses pour conforter l'action commune lorsque nos positions sont convergentes et de créer un créneau d'actions communes lorsque des situations se présentent à nous pour les aborder avec la vision et la volonté afin de contribuer à la paix et à la sécurité.» Les deux ministres ont, par la même occasion, infirmé «l'existence d'une intervention des forces spéciales algéro-françaises au sud de la Libye». «Ce sont des allégations qui ne reposent sur aucune réalité», lance Laurent Fabius. Le diplomate français insiste, cependant, sur la nécessité de prendre en charge la question de la sécurité dans ce pays pour éviter «la contagion». «La France et l'Algérie doivent travailler côte à côte dans la lutte contre le terrorisme», souligne-t-il, précisant que «la lutte antiterroriste nécessite la discrétion et l'efficacité». La France veut un assouplissement de la règle des 51/49% Abordant les questions économiques et les attentes des opérateurs français, M. Fabius avoue que son pays souhaite un assouplissement de la règle des 51/49% appliquée à tous les investissements étrangers en Algérie. «Les chefs d'entreprise souhaitent des formes plus souples pour booster les échanges économiques entre les deux pays, qui sont loin de ce que nous souhaitons», dit-il. Et d'ajouter : «Il faut créer les voies et moyens pour aider davantage les PME-PMI des deux pays à travailler ensemble (...). Il faut une certaine souplesse et c'est à l'Algérie d'en créer les règles. Le plus important pour l'investissement, c'est la stabilité des règles et la rapidité ainsi que le respect des décisions.» Au sujet de l'exploration et de l'exploitation du gaz de schiste, Laurent Fabius nie toute intervention du gouvernement français en faveur de ses entreprises. «La France n'est jamais intervenue en faveur de ses entreprises sur le marché de l'exploration du gaz de schiste en Algérie. Le gouvernement algérien décide de ce qu'il a à faire, la France n'a pas à s'ingérer dans ces débats», indique-t-il.