Après une interruption de trois jours due au week-end prolongé de la Pentecôte en France, le procès Khalifa reprendra aujourd'hui au tribunal de Nanterre. Cette deuxième semaine promet d'autres révélations sur le système frauduleux mis en place par Abdelmoumen Khalifa. Paris De notre correspondant Le procès Khalifa reprend aujourd'hui au tribunal de Nanterre, dans la région parisienne, après une interruption due au week-end prolongé de la Pentecôte. Des dossiers encore plus chauds seront donc traités lors de ce deuxième round de plaidoiries : la gestion des comptes de la société KRG Pharma, le détournement de trois avions, le recel d'une douzaine de voitures de luxe et l'acquisition d'appartements à Paris au profit de quelques employés du groupe Khalifa. Quant à la troisième et dernière semaine du procès, à partir du lundi 16 juin, elle sera exclusivement réservée à la plaidoirie de la partie civile. En plus de l'audition de Mme Khalifa, qui a tout mis sur le dos de son ex-mari, la première semaine du procès a été marquée par la décortication de l'affaire de soupçons de blanchiment d'argent (près de 50 millions d'euros) dans l'achat de la luxueuse villa Bagatelle à Cannes. Il s'agit d'une propriété immobilière de 5000 m2, achetée par Khalifa Airways et revendue par Rafik Khalifa à peine une année plus tard. Au cours des audiences des 5 et 6 juin, les prévenus ont répondu, à tour de rôle, aux questions de la juge, Fabienne Siredey-Garnier, concernant ce dossier. Selon elle, «cette villa a été achetée au nom de Khalifa Airways le 12 juillet 2002, pour 37 millions d'euros et revendue le 25 juin 2003 à 16 millions d'euros». La vente a été ensuite annulée par le cabinet SCP-BTSC, liquidateur français des biens de Khalifa Airways et de KRC. Le 4 janvier 2013, ce cabinet a pu revendre la villa à un banquier russe contre la somme de 19,5 millions d'euros. Le mystère autour de l'achat puis la vente accélérée de cette somptueuse propriété sur les hauteurs de Cannes demeure entier. On parle d'un éventuel détournement de 50 millions d'euros de Khalifa Bank d'Alger qui aurait servi à cette transaction.L'argent aurait été transféré vers la France, sous le prétexte d'acheter des biens d'investissement, comme du matériel nécessaire à la construction de cinq stations de dessalement de l'eau de mer. En l'absence de Rafik Khalifa, le prévenu principal dans ce dossier est Mohamed Amine Chachoua, ancien gestionnaire de Khalifa Airways en France. Au cours de ce procès, M. Chachoua a été mis en cause dans cinq infractions de «complicité à recel de banqueroute». Il était présenté comme une sorte de «porteur de valises». Quant à l'ex-épouse Khalifa, elle n'a pas été mise en cause dans ce dossier. «L'enquête a prouvé que madame Amirouchen ne connaît pas cette villa et ne l'a visitée qu'une ou deux fois, particulièrement lors de la fameuse soirée du 3 septembre 2002. Même pendant cette soirée, nous avons des factures prouvant qu'elle a été hébergée dans un hôtel et non pas à Bagatelle», a expliqué Mme Siredey-Garnier au sujet de la soirée du lancement de Khalifa TV. Lors de ladite «fête», bijoux et mobiliers de luxe, champagne et grands crus ont fait bon ménage avec plus de 200 invités VIP. Images à l'appui, on y voit des hommes politiques français et des stars universelles de show-business. Au total, selon plusieurs sources (juridiques et médiatiques), cette folie aurait coûté près de 20 millions d'euros. Khalifa TV a été mise en liquidation judiciaire quelques mois après, le 2 juillet 2003. La première semaine du procès a permis en tout cas de révéler ou de confirmer des informations importantes, mais aussi quelques zones d'ombre.Présidente de la 14e chambre correctionnelle du TGI de Nanterre, Mme Siredey-Garnier a indiqué par exemple que l'ancien magnat a tenté de sauver son groupe en créant une banque en France, avant sa fuite vers Londres, mais les autorités françaises compétentes l'en ont empêché en refusant de lui accorder les autorisations nécessaires. Elle avoue aussi que quelques scellés cotés (trois au minimum) faisant partie du dossier d'instruction ont disparu. Il y a aussi le soupçon de destruction de documents de preuves par Khalifa et ses complices, avant la liquidation du groupe en France. La juge a déclaré également qu'une grande partie de l'argent détourné par Khalifa aurait était répartie en plusieurs placements dans des banques à travers le monde ! Wait and see…