Le tribunal d'Alger a condamné, lundi dernier, l'avocat Mohcène Amara à une peine de six mois de prison avec sursis pour «avoir outragé le bâtonnier» et décidé du non-lieu pour le délit de «menace de mort». Ce délibéré a été prononcé deux semaines après le procès qui a opposé l'avocat à son adversaire, Abdelmadjid Sellini, bâtonnier d'Alger, à la suite d'une plainte déposée par ce dernier auprès du tribunal d'Alger qui a valu au prévenu, fait unique, une détention provisoire de plusieurs jours. Après de nombreux reports, l'audience du jugement a été programmée le 26 mai dernier, durant laquelle le débat était électrique en raison des propos entre la défense de la partie civile et le prévenu. Après cinq heures de questions-réponses, le ministère public a requis 6 mois de prison ferme, avant que l'affaire ne soit mise en délibéré.Lundi dernier, le tribunal a décidé «un non-lieu pour le délit de menace de mort et six mois de prison avec sursis pour celui d'outrage au bâtonnier». Contacté, maître Amara a fait savoir qu'il introduira un appel auprès de la cour d'Alger parce qu'il conteste le verdict. Il persiste à dire que «le délit d'outrage à bâtonnier n'existe nulle part dans le code pénal. Il y a l'outrage à avocat, mais dans l'exercice de ses fonctions. Or ce n'est pas le cas. Je ne vais pas me laisser faire. Je compte déposer une plainte contre tous ceux qui ont participé à ce procès, à commencer par le procureur général et le bâtonnier, maître Sellini». A signaler que la mise en détention de l'avocat est un fait unique dans les annales de la justice, mais cela n'avait malheureusement pas suscité de réprobation dans les rangs des avocats d'Alger, occupés par les préparatifs de l'élection des membres du barreau de la capitale. Pourtant, le prévenu avait été arrêté, selon son avocat, Mokrane Aït Larbi, «en violation» de la procédure. D'abord du fait qu'il s'agit d'un avocat protégé par un statut, mais aussi parce que l'arrestation s'est déroulée en dehors des heures légales prévues par le code de procédure pénale.