Une belle réussite que cette première manifestation contre l'exploitation du gaz de schiste, organisée comme prévu le 14 juin. Sans heurt, entourée d'un dispositif sécuritaire, très discret, presque invisible, attirant une multitude de citoyens qui attendaient visiblement de voir la manifestation commencer pour s'y joindre, Ouargla a donné une nouvelle preuve de ses prouesses de mobilisation et d'organisation autour d'une thématique citoyenne par excellence : l'exploitation d'énergies non conventionnelles dans le Sahara algérien. Quelque 300 personnes de tous âges et de tous les horizons ont répondu à l'appel du collectif d'associations de bienfaisance et pour la préservation de l'environnement, organisés sous l'égide de Houmat Al Oumma, le mouvement des défenseurs de la nation, né il y a à peine une semaine, à Ouargla, a donc réussi cette première épreuve. Une manifestation citoyenne contre l'exploitation du gaz de schiste sur la place de l'hôtel de ville, baptisée depuis le 14 mars 2013, place Tahrir. Le rassemblement, qui a timidement commencé vers 9h, a connu, au fil de son déroulement, un bel engouement citoyen, inattendu par les propres initiateurs de l'événement. Une belle mobilisation autour d'une thématique qui intéresse beaucoup de monde à en croire la forte présence, de citoyens de tous bords, même si la gent féminine a brillé par son absence hormis une dame de Ghardaïa et deux universitaires venues de l'étranger. Les visages halés, qui se prenaient un vrai bain de soleil chaud, digne d'un été saharien dûment installé, attendaient les paroles des organisateurs, qui, après avoir scandé des slogans anti-gaz de schiste, interpellant le gouvernement sur ce sursaut citoyen venu du fin fond du Sud, ont expliqué leur démarche, leurs objectifs et les enjeux environnementaux de l'exploitation de cette énergie non conventionnelle dans le Sud. Habib Mechri, enseignant de sciences naturelles et cofondateur du mouvement, a expliqué que le message de la manifestation du 14 juin s'adresse à trois destinataires : «Le peuple qui se doit d'être conscient des dangers qui le menacent, le gouvernement appelé à faire primer les intérêts de l'Algérie et des Algériens auxquels il doit prouver son nationalisme, et enfin, les sociétés françaises et autres multinationales auxquelles le peuple dit tout simplement : dégagez de notre pays.» Reconsidérer l'option C'est dans un long et difficile parcours que ce collectif s'engage, le communiqué lu par Nadhir Boukhetta, président de Houmat Al Oumma a d'ailleurs été on ne peut plus explicite. Un appel a été lancé à l'Association des oulémas musulmans algériens pour user de son droit de «mounassaha», «pour avertir les décideurs sur les conséquences écologiques de l'exploitation du gaz de schiste», dit-il. Le second appel a été adressé à la famille révolutionnaire «pour marquer un ultime positionnement en faveur du peuple qui refuse ce crime écologique». Le troisième appel a été, quant à lui, adressé à l'institution militaire que Houmat Al Oumma a appelé «à préserver les intérêts de la nation». Le collectif a fini par un appel au président Bouteflika pour «reconsidérer cette option et ouvrir un débat national sur la question». La manifestation, qui s'est achevée vers 11h15, a brassé beaucoup de monde, d'autant plus qu'une large campagne de placardage et de distribution de tracts a été organisée tout au long de la semaine. Des dizaines de véhicules arborant désormais des autocollants portant des slogans contre l'exploitation du gaz de schiste ont sillonné la ville. L'encadrement, essentiellement constitué du mouvement associatif revendicatif qui s'est forgé dans la douleur depuis dix ans contre le chômage et l'exclusion du secteur pétrolier, s'engage à présent pour la protection du Sahara, essentiellement le Touat et l'Immidir, premiers gisements annoncés par le gouvernement.