Abderrazak Makri, président du MSP, explique les prochaines étapes du projet de la transition démocratique. Il parle aussi de l'armée, du FIS et de la société. Quelle est la prochaine étape du projet de la transition démocratique, après la conférence du 10 juin à Zéralda ? Nous avons pris en compte les remarques et les propositions des partis et personnalités politiques qui ont participé à la conférence du 10 juin. Nous planchons maintenant sur la reformulation de la plateforme pour les libertés et la transition démocratique. L'instance du suivi et de la concertation est en cours d'installation. Elle devra élaborer un programme de conférences pour faire de la transition démocratique un sujet de débat de société. C'est pour quand la finalisation de cette plateforme ? On prendra le temps qu'il faut. On ne fait pas dans la précipitation. Vous allez prendre en compte les avis de ceux qui ont appelé à l'intervention de l'armée ? Tout le monde est d'accord pour l'intervention de l'armée. La transition pacifique ne peut se faire sans la contribution des institutions de l'Etat dont l'armée. Comment comptez-vous associer le pouvoir dans votre démarche ? Il y a trois modèles de transition dans le monde. Une transition qui vient d'en bas, par voie révolutionnaire. La transition qui vient d'en haut, c'est-à-dire engagée par les responsables de l'Etat, mais ce n'est pas la cas chez-nous en Algérie. Et enfin, la transition négociée entre l'opposition et le pouvoir. Nous sommes dans cette perspective de transition négociée. Nous comptons remettre la plateforme consensuelle pour les libertés et la démocratie au pouvoir en place. Le premier ministre, Abdelamlek Sellal, a déclaré récemment que le pays n'a pas besoin de transition…
La conférence du 10 juin nous a permis de rééquilibrer le rapport de forces qui était auparavant en faveur du pouvoir. Nous allons essayer de convaincre le pouvoir de l'utilité de la démocratie et des libertés. Des acteurs de l'opposition qui appellent aussi à la transition, ont préféré lancer leurs propres initiatives. C'est le cas du FFS et de l'Alliance nationale pour le changement (ANC). Un commentaire ? Ces initiatives sont les bienvenues. Lors de la conférence du 10 juin, tout le monde était présent. Nous avons fait un travail très solide et très précis et on s'est mis d'accord sur l'essentiel. Il y a consensus entre les différentes tendances autour de la démocratie et des libertés. Une partie de la société n'a pas apprécié la participation des cadres du FIS dissous à la conférence de Zéralda… Tous les gens que j'ai eu à rencontrer, que ce soit dans les mosquées, dans les aéroports ou ailleurs, ont exprimé leur satisfaction. Les Algériens veulent aller en avant. Malheureusement, il reste encore certains chroniqueurs de presse qui gardent l'esprit des années 1990. Il n'y a pas que le FIS qui est responsables des exactions commises. D'autres parties dont le pouvoir sont aussi responsables de ce qui s'est passé durant cette décennie. Est-ce qu'il est utile pour l'Algérie de s'arrêter sur le détail du FIS et de laisser tranquilles ceux qui dilapident les richesses du pays ? Il ne s'agit pas du FIS ou de telle ou telle partie. Il s'agit de l'Algérie.