Pour le second Mondial consécutif, l'Italie est éliminée au premier tour. Un désastre au pays du Calcio. La démission du sélectionneur et du président de la Fédération de football ne suffit pas aux tifosi qui veulent une révolution à même de redonner son âme au Calcio. Quelques minutes, à peine, après la fin du match Italie-Uruguay, Cesare Prandelli jette l'éponge. «Je démissionne. La responsabilité de l'échec du projet technique est mienne.» L'homme n'est pas habitué à adosser aux autres les conséquences de ses actes, ni à trouver des justifications à ses manquements. Depuis qu'il a pris en main l'équipe nationale de la péninsule, il a réalisé des exploits indéniables, mais la sortie de la squadra par la petite porte du Mondial brésilien est une blessure que le Mister (comme les Italiens appellent leur coach national) veut soigner en pleine solitude. Les journaux italiens, dans leurs éditions du lendemain de «La ruine», comme titre en gros, La Gazzetta Dello Sport, n'ont pas épargné de leurs critiques acerbes la squadra. «La catastrophe au Brésil est grave et honteuse», y lit-on. «L'Italie à la maison, l'échec», écrit en première page le quotidien sportif qui annonce qu'il «mènera bataille» jusqu'à ce que le milieu du football italien soit assaini. Le Corriere Della Sera titre lui «Le naufrage des Azzurri au Brésil». Les analystes sont unanimes à juger la mission du onze national d'échec retentissant. Le bouc émissaire trouvé est l'attaquant d'origine ghanéenne, Mario Balotelli. Adulé, après le match contre l'Angleterre, il est à présent accusé de tous les maux. Même l'entraineur qui l'avait toujours défendu, affirme que la désignation de ce joueur pour le Mondial «a été une erreur». L'autre responsable de la débâcle italienne au Brésil, montré du doigt par la presse, est l'arbitre mexicain Marco Antonio Rodriguez Moreno, qui avait arbitré le match Algérie-Belgique. Jugé «trop enclin à distribuer des cartons jaunes et rouges», l'homme de la Fifa était craint par les Italiens, dont les plus médisants ont rappelé le sobriquet qui lui avait collé dans le passé, «Dracula» à cause de son visage fermé et de ses cheveux noirs plaqués au gel. Mais, les superstitieux avaient surtout peur que le nom Moreno, de cet homme, homonyme d'un autre arbitre haï par les tifosi, ne leur porte malchance. Le sinistrement célèbre Byron Moreno avait arbitré le match des huitièmes de finale en 2002, qui avait opposé la squadra à la sélection du pays hôte, la Corée du Sud. Les Italiens lui en ont voulu à mort d'avoir expulsé un joueur et d'avoir annulé le but marqué par leur équipe, éliminée après ce match. La malédiction a poursuivi cet ancien arbitre équatorien et en 2010, il avait été arrêté à New York, en possession de 6 kilos d'héroïne. Le nouveau Moreno ne leur a pas porté plus chance et a contraint, lui aussi, les Azzurri à jouer avec 10 hommes en deuxième mi-temps. Il ne manquait qu'une morsure perfide à ce match de l'horreur. Et ce ne fut point l'arbitre Dracula qui planta ses dents aiguisées dans la chair de Chiellini, mais le joueur star de l'Uruguay, Luis Alberto Suarez, dans une séquence qui a fait le tour des forums sociaux et créée un énorme buzz parmi les internautes. L'arbitre Dracula n'a rien vu, mais la Fifa mènera une enquête sur la morsure de l'Uruguayen qui n'en est pas à son premier acte de «cannibalisme». Les Azzurri, eux, débarqueront aujourd'hui à Rome et devront affronter la colère de leurs supporters qui veulent une nouvelle ère pour leur football. Un nouveau Mister, (Mancini, Ancelotti Spalletti ou Allegri ?) pour «l'an zéro du Calcio».