La rentrée sociale dans la wilaya de Béjaïa est pour l'heure surtout marquée par la chaude empoignade engagée entre les usagers et la corporation des transporteurs à travers les différentes localités de la région. Toudja, Oued Ghir, Semaoun, Akbou... sont autant de localités où des citoyens sont sortis de leurs gonds et ont signifié leur colère, ces derniers jours, en bloquant la circulation. Le motif : de nouvelles tarifications décidées, de manière unilatérale, par la corporation et qui, pour certaines dessertes, atteignent pratiquement le seuil des 25% d'augmentation. En l'absence de l'arbitrage des pouvoirs publics, dont les responsables trouvent apparemment bien commode l'argument de la loi du marché, le bras de fer engagé dans l'improvisation et la confusion risque de connaître des complications imprévisibles. Comme cette rumeur qui a couru hier sur la mort d'un citoyen en pleine manifestation à Mellala, alors que celui-ci a péri écrasé par un camion loin du contexte de protestation, selon la version rapportée par des témoins. Hier encore, des perturbations sur certaines dessertes ont été signalées et l'ire des citoyens a continué à s'exprimer, au moment où les premiers regroupements de transporteurs privés, décidés dans la hâte pour monter une riposte, ont été organisés. C'est le cas notamment dans la ville d'Akbou en ce lundi, jour de marché où, selon notre correspondant, la décision a été prise par l'assemblée improvisée des transporteurs de se mettre en grève. Confusion Une décision adoptée au moment où des centaines d'usagers ont longuement poireauté dans les arrêts de bus en ruminant leur ressentiment. La manifestation organisée avant-hier sur le tronçon de route (RN26), qui coupe en deux le village colonel Amirouche (ex-Riquet), par des citoyens gobant très mal les nouvelles augmentations, n'a pas été du goût des exploitants des fourgons et minibus. Ces derniers persistent par ailleurs à souligner le caractère légal des nouvelles majorations par une vague référence au sceau de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA)). Quant à la légitimité de la nouvelle tarification, les transporteurs évoquent une énième fois l'état des routes, la pression des impôts et parfois l'absence d'aires de stationnement adéquates. Des délégués des transporteurs ont été reçus hier par les élus à l'APC d'Akbou et ont fait savoir qu'ils consentaient de ne pas appliquer la hausse aux écoliers. Un geste qui finalement n'a pas suffi pour ramener les usagers protestataires à de meilleurs sentiments. Les dessertes d'Akbou vers les communes de Tazmalt, Ouzellaguen, Ighil Ali et Boudjellil n'ont donc pas été assurées hier, et rien n'indique que les choses reprendront leur cours normal aujourd'hui. Préconisant, d'une part, une régulation stricte sur le plan de la délivrance des lignes d'exploitation aux demandeurs, et invoquant, d'autre part, les ressorts propres au marché pour se dédouaner de la gestion du dossier, l'administration concernée ne fait en fait qu'en rajouter à la confusion au moment où les embryons de syndicats réunissant les transporteurs, pour la plupart bénéficiant du dispositif d'aide à l'emploi de jeunes, tendent à réagir beaucoup plus en pools locaux qu'en organisations professionnelles. Pour information, la flotte privée de la wilaya s'élève à près de 1500 véhicules, fourgons aménagés et taxis confondus. De l'avis même de la direction des transports, les besoins réels de la wilaya ne sont pas connus, en l'absence d'une étude approfondie sur le sujet et surtout d'infrastructures de régulation et de contrôle, comme les gares routières.