Les Verts ont réalisé l'exploit que l'Algérie attendait depuis 32 ans. Il a fallu attendre tout ce temps et la 4e participation au mondial (1982-1986-2010-2014) pour qu'enfin l'équipe nationale franchisse l'écueil du premier tour où se sont brisés tous les rêves des générations précédentes. Celle de Sofiane Feghouli l'a donc fait par une fraîche soirée brésilienne à Curitiba dans l'Etat du Parana. Il faut rendre hommage aux joueurs et à l'entraîneur Vahid Halilhodzic qui, pour un coup d'essai, a réalisé un véritable coup de maître, à savoir conduire les Verts en 8es de finale de la Coupe du monde 2014. Aujourd'hui, il faut lui rendre hommage sur la performance technique. Nonobstant ses relations tendues et conflictuelles avec les journalistes, il a relevé le défi au-delà de toute espérance. Il a été un des rares à croire que l'équipe nationale pouvait aller si loin. Le résultat acquis jeudi soir à Curitiba fait de lui le premier sélectionneur à avoir conduit les Verts à ce stade de la compétition. L'histoire retiendra son nom comme l'homme qui a conduit l'Algérie, avec les joueurs, sur les cimes qui semblaient irrémédiablement interdites au football algérien. Les joueurs, eux aussi, méritent la reconnaissance pour la grande performance réalisée au Brésil. Le groupe regorge de joueurs de qualité. Pas technique uniquement. De volonté, du dépassement de soi, du sacrifice, d'abnégation, de discipline, des notions sans lesquelles il n'y a point de salut. La qualification n'a pas été facile. Ils sont allés la chercher dans l'adversité. Après l'entame ratée (1-2) face à la Belgique, le doute s'est quelque peu insinué dans les esprits. Allions-nous revivre le même scénario que celui de 2010 où les Verts avaient débuté le tournoi par une défaite (0-1) face à la Slovénie avant de se ressaisir contre l'Angleterre (0-0) et quitter la compétition sur une mauvaise note (défaite 0-1) devant les Etats-Unis. Ici au Brésil, les joueurs ne voulaient pas vivre la même mésaventure que celle de leurs aînés. Alors au sortir de la défaite devant les Diables rouges, ils ont serré les dents et n'ont rien lâché. Pourtant, l'entre des deux premiers matchs n'a pas été de tout repos pour tout le monde. Le coach a fait le dos rond et préparé sa stratégie à Socoraba. Les joueurs vexés par les commentaires qui ont suivi le match du 17 juin et les critiques à peine déguisées du Bosnien sur leur prestation ont alourdi l'ambiance au niveau du camp de base. Elle était tellement tendue (l'ambiance) que deux joueurs (Yebda et Ghilas) en sont presque arrivés aux mains et contraint Vahid Halilhodzic à mettre un terme à la séance pour céder au capitaine Madjid Bougherra la prérogative de réunir ses coéquipiers et rappeler chacun à ses devoirs vis-à-vis du groupe. Après cet épisode, qui arrive souvent en club et parfois en équipe nationale, le sélectionneur a récupéré les cartes et tracé la suite. C'est-à-dire remanier profondément l'équipe en titularisant 5 nouveaux joueurs (Mandi, Mesbah, Brahimi, Slimani et Djabou). La suite lui a donné raison. Slimani, Brahimi et Djabou ont apporté le plus escompté. L'Algérie a fait voler en éclats la Corée du Sud (4-2) et s'est aménagé une voie de passage au second tour avant de gagner un point face à la Russie, synonyme de passage aux 8es de finale. L'Algérie va retourner sur son jardin, Porto Alegre, où elle a sonné la révolte. Le 30 juin à l'Estadio Beira Rio, les Verts ont rendez-vous avec l'histoire. Cette fois, c'est la puissante Allemagne qui se dressera sur le chemin de l'équipe nationale dans un match chargé de bons et mauvais souvenirs. Les bons, c'est l'historique victoire à El Milinon, le 16 juin 1982. Ce jour-là le monde a découvert une équipe d'Algérie dont nul ne soupçonnait le potentiel. Sur ce match et la victoire des Verts, un quotidien français avait titré «Une Algérie de légende». Le plus mauvais souvenir, c'est ce lamentable non-match qu'Allemands et Autrichiens ont combiné pour écarter l'Algérie de la qualification au second tour. Les Espagnols ne se sont pas trompés en sortant leurs mouchoirs blancs et criant «Fuera, fuera» (dehors !). Islam Slimani et ses partenaires sont-ils capables de rééditer l'exploit réalisé par la génération Assad-Belloumi-Madjer ? Pour peu qu'ils gardent leur concentration et qu'ils aient toujours faim de victoire et d'exploit pourquoi pas, même si l'Allemagne est pratiquement un ogre du football mondial. Les Verts n'ont rien à perdre et tout à gagner. La planète football a pris rendez-vous pour le 30 juin à Porto Alegre. L'Algérie en quart de finale ? C'est le rêve fou des supporters et le pari du coach et des joueurs. Après les échos qui lui sont parvenus sur son prochain adversaire, Joaquim Low, le coach allemand, va mettre en garde ses joueurs contre tout excès de confiance comme ont fait montre les Breinter, Kaltz, Hrubesh le 16 juin 1982.