La polémique enfle après la suspension de certains titres de la presse écrite d'impression. Directement mis en cause par le directeur de la Société d'impression d'Alger (SIA), le chef du groupe parlementaire du Rassemblement national démocratique (RND) et patron – supposé ou réel – du journal arabophone El Adjwaa, Miloud Chorfi, décide de porter l'affaire devant les tribunaux contre le directeur de la SIA, Mohamed Mechat. «Vous avez déclaré dans les journaux en me citant que ‘s'il s'agissait de politique je n'aurais pas fermé El Adjwaa qui appartient à Miloud Chorfi', voulant ainsi, par l'utilisation de cette phrase assassine, lier mon nom à une justification de vos demandes de règlement de créances d'imprimerie à certains journaux. Cette déclaration est irresponsable et outrageuse», a répliqué Miloud Chorfi, qui se défend d'être le vrai patron du quotidien suspendu d'impression. Qui est donc le vrai propriétaire du quotidien arabophone El Adjwaa ? Le ministère de la Communication a de tout temps maintenu le flou sur les vrais propriétaires de journaux qu'il inonde de publicité via sa régie publicitaire, l'ANEP. Il est vrai que l'opacité est érigée en règle dans la gestion du secteur de la publicité publique. Pour justifier sa décision de suspendre des journaux endettés, qui obéit à des motivations «commerciales», Mohamed Mechat avait déclaré au journal El Khabar (édition du 29 juin) que «s'il s'agissait de politique je n'aurais pas fermé El Adjwaa qui appartient à Miloud Chorfi». Une déclaration qui a visiblement heurté le chef du groupe parlementaire du RND, qui compte saisir la justice. «Quoi qu'il en soit, cette affaire doit cesser et, cette fois, elle cessera devant la justice pour déclaration calomnieuse», a encore menacé Miloud Chorfi dans un communiqué rendu public hier. En affirmant qu'il n'a aucune relation de quelque ordre que ce soit avec le journal El Adjwaa, M. Chorfi accuse Mohamed Mechat, en des termes à peine voilés, de faire dans la «manipulation». «Je n'ai aucune relation de quelque ordre qu'elle soit avec ce journal, même si vous êtes le mieux placé pour le savoir, sauf si vous gérez par la rumeur et la manipulation à l'instar de certains milieux politiques», accuse le parlementaire du RND. Par ailleurs, dans sa «défense», Miloud Chorfi tente de ramener le conflit sur un terrain strictement politique lorsqu'il soupçonne des tentatives de manipulation de certains milieux qui «encouragent en sous-main cette rumeur insidieuse pour tenter de déstabiliser le courant nationaliste» ! La charge de Miloud Chorfi contre le directeur général de la SIA ne s'arrête pas en si bon chemin, l'accusant de «compromission» dans les injonctions venues d' «en haut» dont serait «victime» Mohamed Mechat dans l'exercice de ses fonctions. «Vous, en tant que commis de l'Etat, vous auriez dû être astreint à une stricte gestion et à un respect de vos devoirs en présentant votre démission à la première injonction, ce que vous n'avez pas fait. Accepter de ce fait le compromis et donc la compromission en avouant vous-même que ‘le temps des injonctions est révolu' donc il fut et durant longtemps grâce à votre silence», attaque le député RND de la wilaya de Mascara. Pour rappel, pas moins de six titres de la presse écrite ont été interdits d'impression. Une décision que la société éditrice, la SIA, a justifiée par des raisons de commercialité, alors que les patrons de journaux accusent des cercles du pouvoir de vouloir «punir» certains journaux opposés au quatrième mandat d'Abdelaziz Bouteflika en les privant, d'abord, de la publicité publique et ensuite, de lâcher sur eux l'épée de la dette d'impression.