Le directeur général de la Société d'imprimerie d'Alger, Abdelkader Mechat, est devenu, en quelques jours, une personnalité de premier plan. L'homme, qui gère l'imprimerie étatique depuis plus de 20 ans, a imposé sa loi à au moins 8 titres de la presse nationale qui ont disparu des étalages en l'espace de quelques jours. Dans plusieurs sorties médiatiques, le directeur général de la SIA réfute toute connotation politique à ses décisions. «Arrêtons de parler de politique ! J'ai des accords commerciaux avec des entreprises, elles n'ont qu'à honorer leurs engagements», a-t-il dit, samedi, lors d'un entretien téléphonique avec El Watan. M. Mechat a rappelé les mêmes principes dans les colonnes du journal arabophone El Khabar. «S'il s'agissait de politique, je n'aurait pas fermé El Ajwaa, qui appartient à Miloud Chorfi», se justifie-t-il. A la question que se posent beaucoup d'observateurs et de journalistes, à savoir pourquoi cette réaction «tardive», Abdelkader Mechat répond au quotidien arabophone en faisant montre d'une franchise rare : «Auparavant, à chaque fois que nous prenions la décision de réclamer notre dû, nous recevions des appels téléphoniques et des pressions. Certains directeurs se permettaient même de nous menacer. Cette période est maintenant révolue.» En tout, ils sont donc 8 journaux à avoir subi le verdict de l'imprimerie publique. Il s'agit de Djazaïr News dans ses deux versions, El Ajwaa dans ses deux versions, ItMag, El Fadjr, La Nation, El Wasit El Magharibi et El Houria. Mais il n'y a pas que cela. «Il y a encore 10 à 15 journaux qui ne paient pas leurs frais d'impression. Je leur ai envoyé des mises en demeure. Je serai obligé de passer à l'acte», indique M. Mechat. Ce dernier ne peut à l'évidence échapper à la lancinante question autour des faveurs accordées à certains journaux. «D'autres journaux ont effectivement des dettes, mais ils ont accepté un échéancier qu'ils respectent», dit-il avant de s'interroger sur certaines publications qui préfèrent lancer des chaînes de télévision au lieu de payer l'imprimerie. «Cela n'est pas normal !», a-t-il dit. Contacté hier pour de plus amples informations, Abdelkader Mechat s'est excusé : «J'ai tout dit.» Le ministre de la Communication, Hamid Grine, a été le premier à ouvrir le chantier des factures impayées. «Je ne comprends pas comment des journaux qui ont 30 millions de dinars de publicité et des charges de 7 millions n'arrivent pas à payer l'imprimerie», avait-il déclaré lors d'un déplacement à Tizi Ouzou. Pis, le ministre s'en est pris à des journaux qui ne «paient pas bien leurs journalistes». Mais lorsqu'il a été interrogé sur le temps pris par les autorités avant d'agir, le ministre esquive en indiquant qu'il y a eu de «la compréhension» de la part des autorités. Il est difficile de savoir ce que feront les autorités des dizaines de petits journaux qui pullulent ces derniers temps. Plus de 140 quotidiens sont imprimés chaque jour, avec l'argent de l'ANEP pour la plupart d'entre eux.