Ghaza. Deux syllabes qui «explosent» régulièrement au devant de l'actualité internationale à la faveur d'opérations punitives entreprises par l'armée d'occupation israélienne contre la population civile. En quelques jours, 31 Palestiniens, dont des enfants, ont été tués et des dizaines d'autres blessés. Les préoccupations de l'ONU sont ailleurs… Ces raids sont destinés moins à répondre à une attaque du Hamas qu'à une volonté de tuer dans l'œuf toute initiative visant à favoriser la réconciliation entre Palestiniens et, partant, l'hypothétique solution des deux Etats. C'est la logique froide et implacable de l'Etat hébreu qui s'appuie sur le comportement provocateur et voyou de ses colons radicaux et, accessoirement, sur ses soldats qui ont la gâchette facile face aux enfants palestiniens. Il n'est donc pas surprenant de constater que cette nouvelle escalade contre Ghaza ait commencé par une histoire d'enfants. Mohamed Abou Khdeir, jeune Palestinien de 16 ans, enlevé dans la nuit du 1er au 2 juillet, a été retrouvé mort dans une forêt à Jérusalem-Ouest. La veille, trois jeunes Israéliens ont été tués en Cisjordanie. La connexion entre les deux tragiques événements est frappante. Le meurtre sauvage (brûlé vif) de Mohamed Abou Khdeir est une forme de vengeance des trois jeunes Israéliens tués en Cisjordanie. L'affaire a évidemment choqué tous les Palestiniens, déjà écrasés par la colonisation sauvage (et la colonisation tout court) qui avale chaque jour un peu plus de leur territoire résiduel. Un parfum de troisième intifada enveloppe à nouveau l'atmosphère à Ghaza et en Cisjordanie. Ces bombardements massifs contre Ghaza visent davantage un objectif stratégique que des cibles civiles. Signe que l'attaque a été soigneusement préparée, elle porte même un nom : «Protective Edge» (bordure protectrice). Pour Israël, les bordures de protections sont justement extensives à souhait. Du moins aussi longtemps que ce qu'il convient d'appeler la «communauté internationale» et son bras armé, le Conseil de sécurité, font mine de ne rien voir de ce chaudron d'Orient… L'Etat hébreu veille particulièrement à empêcher les Palestiniens (le Fatah et le Hamas) de parler d'une seule voix après avoir réussi à les séparer géographiquement. Le proverbe latin «diviser pour régner» n'est jamais aussi bien vérifié qu'en Palestine. L'accord, quoique fragile et laborieux, de réconciliation signé par le Fatah du président Mahmoud Abbas, et le Hamas en avril dernier n'est pas étranger à cette escalade meurtrière d'Israël. Netanyahu souligne ainsi des lignes rouges à ne pas franchir à une Autorité palestinienne dont la seule «autorité» consiste à payer le salaire des fonctionnaires. Mahmoud Abbas a maintes fois menacé d'aller se plaindre auprès de la Cour pénale internationale (CPI) et autres organismes de défense des droits de l'homme, mais il ne l'a jamais fait. Isolée de l'intérieur, bernée de l'extérieur, l'Autorité palestinienne paraît totalement déconnectée du peuple qu'elle prétend représenter. Supplier, comme l'a fait Mahmoud Abbas, l'ONU, ce «machin» américain, d'enquêter sur les violations et les crimes israéliens contre la population palestinienne, est davantage une coquetterie diplomatique qu'une réaction sérieuse d'un représentant d'un bout de terre qui plus est martyrisé. Netanyahu le sait, Ban Ki-moon aussi et Abbas également. Quant aux victimes, qui s'en soucie ?