Pour protester contre le refus de l'administration d'agréer son parti, Karim Tabbou a innové. Il a organisé, hier matin, un sit-in devant le ministre de l'Intérieur, dans l'hémicycle même de la Chambre basse du Parlement. Une première dans les annales parlementaires algériennes. Accompagné de deux députés, à savoir Khaled Tazaghart et Habib Bouzeghdid, Karim Tabbou était assis en bas du perchoir pour faire face au ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz, venu défendre sa nouvelle loi sur l'état civil. Durant une demi-heure, le député de Tizi Ouzou a brandi une pancarte sur laquelle était écrit : «Nous revendiquons notre droit constitutionnel pour la tenue du congrès constitutif de l'Union démocratique et sociale». Le ministre et le président de la Chambre basse, Mohamed Larbi Ould Khelifa, ne bronchent pas, ils laissent faire. Mais après avoir pris la parole, Tayeb Belaïz a tenu à «saluer un acte démocratique». «J'ai lu, j'ai compris et je vais prendre en considération cette préoccupation», a-t-il dit. Une fois dans les coulisses, Karim Tabbou, qui s'est adressé aux journalistes, veut prendre à témoin le ministre : «Le ministre de l'Intérieur a pris acte de notre revendication. Pourtant, j'ai sollicité six fois une audience et une autre fois une rencontre avec le Premier ministre. En vain.» Karim Tabbou, dont le parti, l'Union démocratique et sociale (UDS), n'arrive pas à voir le jour à cause du refus de l'administration, ne s'explique pas ce qui lui arrive. «L'administration n'a aucun argument juridique ni administratif à nous opposer. Nous avons rempli toutes les exigences réglementaires», a-t-il rappelé. Même lorsqu'un journaliste lui rappelle que certains l'accusent d'avoir arraché le portrait du président de la République, le député de Tizi Ouzou dément : «Nous ne nous permettons pas de descendre si bas. Nous sommes des militants politiques et nous respectons l'Etat et ses symboles», a-t-il précisé, avant d'accuser «une tierce partie» d'être derrière le blocage de son parti. Interrogé sur l'identité de cette partie, M. Tabbou n'a pas voulu polémiquer : «Nous sommes en train de débattre de la loi sur l'état civil. J'espère qu'un nouveau parti politique naîtra avec l'adoption de cette loi», a encore noté l'homme politique sur un ton optimiste. L'UDS a été créée en 2012 par Karim Tabbou et d'autres anciens cadres du FFS. Deux ans après, le parti n'a pas encore reçu l'autorisation de tenir son congrès constitutif.