L'activité complémentaire est-elle strictement interdite ? Oui, mais pas à Bouira. Ce sont des dizaines de médecins spécialistes, anesthésistes, réanimateurs et infirmiers travaillant dans des établissements de santé publique qui assurent également des gardes de nuit au niveau des cliniques privées. Loin de tout contrôle du ministère, ce personnel médical défiant toutes les lois assure illégalement des consultations, des opérations chirurgicales et autres à des prix des fois dérisoires chez les gérants de cliniques privées au niveau de la wilaya de Bouira. D'où vient ce personnel ? Pourquoi tous ces médecins et autres paramédicaux assurent-ils d'autres consultations chez le privé et pourquoi ils répondent toujours favorablement à ces appels ? Beaucoup de questions. A Bouira, généralement les gérants des cliniques privées, pas tous, font appel aux médecins spécialistes et notamment aux paramédicaux de l'établissement hospitalier public (EPH) Mohamed Boudiaf afin d'assurer des gardes de nuit. «J'ai été surpris, à mon passage dans une clinique privée, de constater que c'est le même médecin, entouré des mêmes paramédicaux, qui m'a fait une consultation médicale la journée au niveau du l'EPH de Bouira qui assure également d'autres soins ici. En plus, au niveau de ces cliniques, le personnel devient de plus en plus gentil et accueillant. Dans certaines structures de santé publique, le personnel est de plus en plus arrogant et impoli», nous confie un citoyen, fonctionnaire à la wilaya de Bouira. D'autres sont allés plus loin, allant jusqu'à qualifier le comportement de certains médecins de vulgaire. A Bouira, la quasi-totalité des parturientes sont dans la plupart des cas orientées vers les cliniques privées. Certainement avec la complicité des sages-femmes du service maternité de l'EPH qui décident du sort de ces patientes, dès lors que l'EPH en question n'est pas pourvu d'un nombre suffisant de gynécologues. «Certains gynécologues privés mentionnent généralement dans leurs ordonnances aux patientes qui désirent accoucher au niveau de la maternité de l'EPH Mohamed Boudiaf la nécessité d'assistance d'un gynécologue. Ils savent qu'il y a un déficit en la matière au niveau de ce service. Ce qui contraint le père de famille à évacuer de nouveau sa femme vers le médecin traitant, qui proposera une opération par césarienne dans une clinique privée pour des prix avoisinant les 50 000 DA», affirme sous le couvert de l'anonymat une source médicale de l'EPH Mohamed Boudiaf, qui a précisé au passage que ce genre de «complicité» ne pourra jamais être vérifié, mais souligne par ailleurs «qu'en principe, il est du rôle de la direction de cet établissement d'effectuer des sorties d'inspection au niveau des cliniques privées.» Cette tâche est désormais confiée à la direction de la santé publique qui n'accorde guère d'importance à ce cas. Une chose est sûre, l'activité pratiquée par certains médecins qui travaillent illégalement dans le secteur privé est déplorable et porte atteinte à la profession.