Pour les initiés, la discipline est gangrenée par un lobby qui fait des mains et des pieds pour entraver le secteur public au profit du secteur privé. Le secteur de la santé s'est vu inscrire plusieurs projets structurants surtout que Bouira dispose désormais d'une université La direction de la santé et de la population de Bouira a annoncé, hier, dans un communiqué transmis aux rédactions, l'ouverture officielle d'un service de maternité à Bordj Khris, extrême sud de la wilaya. Cette annonce remet sur le tapis les déboires d'un secteur qui ne cesse d'intriguer et de se dégrader, au grand dam des malades. Sur le plan des structures, la wilaya de Bouira s'est dotée, ces deux dernières années, de plusieurs structures réalisées pour améliorer la prise en charge des patients avec en plus le souci de se rapprocher des citoyens. Outre une dizaine de polycliniques, de centres de soins de proximité, de blocs chirurgicaux, la réhabilitation des hôpitaux... le secteur de la santé s'est vu inscrire plusieurs projets structurants surtout que Bouira dispose désormais d'une université et par conséquent, de l'éventualité de l'ouverture d'un département de médecine au niveau de cette université. Les objectifs assignés butent sur un problème d'envergure nationale, voire crucial à Bouira, à savoir le manque de spécialistes dans certaines disciplines. Même s'ils existent, ils sont mal répartis. Les maternités par définition sont des établissements hospitaliers spécialisés et doivent disposer de gynécologues. La maternité du chef-lieu d'une capacité de 61 lits fonctionne avec des sages-femmes et des généralistes. L'argument du manque ne tient pas la route quand on sait que l'établissement de Lakhdaria dispose d'au moins 6 médecins obstétriciens gynécologues. Pour les initiés, la discipline est gangrenée par un lobby qui fait des mains et des pieds pour entraver le secteur public au profit du secteur privé. Une spécialiste est venue exercer une semaine avant de repartir malgré les facilités accordées par l'administration, le logement par exemple. Certaines cliniques non dotées de moyens de prise en charge définis par les cahiers des charges, matériel de prise en charge des prématurés, comme les couveuses, n'hésitent pas à «envoyer» des patients en difficulté vers les structures étatiques. En plus de ces difficultés, le secteur hospitalier étatique souffre d'un manque de médicaments. Même les analgésiques, un traitement d'urgence contre la douleur, se font rares. Le patient se trouve dans l'obligation d'aller le ramener de l'extérieur quand il le trouve. C'est le cas du Spasfon ampoule qui est en rupture depuis plus de 4 mois selon plusieurs pharmacies. Devant autant de dysfonctionnements, les médecins, les paramédicaux, les personnels hospitaliers sont la cible des malades et de leurs accompagnateurs qui déversent leur colère sur ces personnels. La responsabilité incombe au premier responsable du secteur qui excelle dans les fausses déclarations, faisant fi d'une réalité, amère subie par le citoyen. L'autre problème et pas des moindres reste le service d'imagerie médicale. Un radiologue exerçant à M'Chedallah, où seule une radio conventionnelle existe, a été affecté pour assurer deux permanences au niveau du centre moderne de lhôpital Boudiaf. Le ministère, selon une source, aurait affecté et à plein temps ce radiologue au centre d'imagerie ultramoderne de l'EPH de Bouira. Pour décliner cette décision, l'intéressé aurait simplement démissionné pour éviter cette affectation. La version est celle qui circule parmi les personnels du secteur. Nous n'avons pas pu joindre le concerné pour avoir son point de vue. La situation bénéficie au privé où sont dirigés les malades au prix fort bien sûr puisque toute l'histoire reste celle des sous. L'inscription d'une école paramédicale dune capacité de 300 places dont 150 en résidence s'inscrit dans une volonté de pallier le manque de personnel. A moyen terme, le manque sera comblé, mais le sceau de l'urgence accentue la pression. Ce n'est pas avec des médecins recrutés dans le cadre de l'emploi des jeunes que l'on pourra améliorer la prise en charge et réconforter le malade. Le ministre qui s'évertue à annoncer des chiffres sur les ondes des médias doit prendre les décisions qui s'imposent au-delà des visées politiques. Les agressions des personnels le saccage des structures qui se généralise sont un danger qui peut mettre en péril le pays et son avenir. On ne badine pas avec la santé des citoyens.