Une mesure douanière instaurant une autorisation de circulation de certains produits de consommation pénalise non seulement les commerçants, mais se répercute durement sur le pouvoir d'achat du consommateur. Alors que les commerçants de la bande frontalière s'attendaient à un allègement de la bureaucratie – une revendication demandée à tous les candidats aux différentes élections locales et présidentielles, qui sont passées dans la région –, la circulaire ministérielle n°35 du 17 juin 2014 tombe comme un couperet. En effet, un communiqué de la douane régionale de Tlemcen avertit les commerçants sur les nouveaux produits assujettis au passavant, déjà en cours depuis 2005. «Pour ne pas enfreindre la réglementation et tomber sous le coup de la loi, les commerçants sont priés de s'approcher des services de la douane pour s'informer des nouveaux produits sujets à l'autorisation de circulation», informe le document en question. Parmi les nouveaux produits qui doivent être déclarés à la douane, au niveau du carrefour 35 (Maghnia-Tlemcen-Oran) figurent, pour la première fois, les aliments secs, l'oignon, les œufs, les huiles de table, le sucre, les dattes, les pâtes alimentaires, les eaux minérales, gazeuses et les jus, les ustensiles de cuisine, les téléviseurs, les appareils de réception (démodulateurs) et l'électroménager… Autant dire que les autorités centrales, pour lutter plus contre la contrebande, ont durci le ton. «C'est quand même curieux et injuste, ce passavant nous donne l'impression que nous ne faisons pas partie du territoire national. On est tous contre le trafic, mais justement pour lutter contre ça, il faut qu'on surveille les frontières, pas les commerçants à 35 km de cette frontière avec le Maroc. Non seulement, cette circulaire nous contraints à payer plus de taxes, en plus de la suspicion sur nous, mais elle pénalise le citoyen de la région», protestent les commerçants. Dans les localités frontalières (Maghnia, Béni Boussaïd, Bab El Assa, Nedroma, Ghazaouet, Marsat Ben M'hidi), le consommateur paie presque le double les produits de consommation, par rapport à celui de Tlemcen, Remchi et Sebdou, par exemple. «Nous sommes dans une même wilaya, mais nous ne sommes pas considérés sur le même pied d'égalité. Nous ne sommes pas des contrebandiers et si l'Etat veut éradiquer la contrebande, il n'a qu'à surveiller ses frontalières», tempêtent des citoyens. Il y a une année, des commerçants avaient fermé rideau pour dénoncer ce qu'ils appellent une discrimination. Force est de croire que leur appel n'a fait que serrer davantage la vis sur eux.