Les populations de Maghnia et des communes de la bande frontalière risquent de manquer cruellement de produits d'alimentation générale dans les jours à venir si les commerçants mettent à exécution leur menace de grève générale. Enimposant le passavant au niveau du croisement 35, obligeant les commerçants à déclarer leurs marchandises, les pouvoirs publics risquent de provoquer une paralysie économique imminente et sans pareille dans l'extrême ouest du pays», ont indiqué, hier, des grossistes et des détaillants. En effet, depuis 2005, un arrêté ministériel soumet les commerçants, introduisant leurs produits en direction de Maghnia, à une autorisation de circuler, un document appelé «passavant» qui est délivré par une brigade mixte composée des services des impôts, du commerce et des douanes. Une loi, selon le législateur, qui contribuerait à lutter contre la contrebande. «Nous ne sommes pas contre les lois de notre pays, encore moins à nous opposer à la lutte contre la contrebande, mais ériger une frontière à 35 km des vraies frontières est un fait très curieux. Pour ceux qui ne connaissent pas notre région, ils croiraient que nos frontières avec le Maroc se situent au croisement 35 (entre Maghnian, Ghazaouet et Tlemcen), et c'est absurde», ajoutent nos interlocuteurs avec colère. Pénurie Depuis trois jours, les citoyens de cette région ressentent déjà la pénurie et les hausses des prix de certains produits. À titre d'exemple, il n'y a plus de yaourt ; d'autres produits de première nécessité ont augmenté de près de 50%. «Dans une semaine, on baissera rideau !» Mais, alors, en quoi ce passavant pénalise-t-il les commerçants ? «Tout le monde sait que les grossistes d'Oran et d'autres régions du pays refusent de nous établir des factures, alors comment voulez-vous qu'on justifie nos achats au niveau du croisement 35 ? La facture est un document qui n'existe pas en Algérie», expliquent-ils et de menacer d'une grève générale «si les autorités continuent de ne pas nous considérer comme des Algériens à part entière, nous fermerons boutique» et de s'interroger sur l'opportunité des responsables concernés à étouffer les commerçants de cette région «Pourquoi nous pénaliser à quelques semaines des élections législatives ? Est-ce voulu ? Dans tous les cas, nous n'irons pas voter parce que nous ne nous sentons pas concernés par ce scrutin !» Les commerçants mécontents ont appelé à une grande assemblée de tous les commerçants de la bande frontalière, jeudi à Maghnia, pour décider des mesures à prendre dans l'urgence.