Pour tenter d'éteindre le brasier qui consume la vallée du M'zab, le gouvernement a tenté des solutions qui se sont avérées inopérantes. En 9 mois de conflit, les diagnostics puis les recommandations du gouvernement n'ont rien donné. La preuve de cette inefficacité est à chercher du côté des cimetières de la ville, qui accueillent de nouveaux morts. La dernière recette toute trouvée du ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz, est un «plan ficelé» dont personne ne connaît les contours. Interrogé sur le fond de cette mystérieuse solution, le ministre n'a pas voulu en dire plus. Pour comprendre cette nouvelle approche, qui s'apparente à un remède qui n'a jamais été administré auparavant, nous avons tenté d'en savoir plus d'abord auprès du Premier ministère, puis au niveau du ministère de l'Intérieur. En vain. Lorsque des responsables répondent au téléphone, ils «ne savent rien». Dans d'autres cas, notamment au ministère de l'Intérieur, les fonctionnaires chargés de la communication n'étaient pas de service. Avant ce nouvel épisode de violences, Abdelmalek Sellal avait déjà effectué au moins trois déplacements dans la wilaya de Ghardaïa. Lors d'un premier «plan de sortie de crise», M. Sellal avait réduit la crise de Ghardaïa à sa seule dimension économique. Il avait décidé de «distribuer» des centaines de lots de terrain aux habitants des deux communautés et demandé l'indemnisation de ceux qui avaient perdu leur maison ou leur commerce. Cela n'a pas été suffisant. Les heurts ont repris, avec leurs lots de morts et de destructions. Le gouvernement tente une autre voie : la religion. Abdelmalek Sellal a même organisé deux prières distinctes : une chez les ibadites et une autre chez les malékites. Rien. Les attaques reprennent. Les manifestations aussi. Avant d'aller prêcher la paix dans deux mosquées différentes, le Premier ministre avait reçu, en grande pompe, deux délégations de notables à Alger ; il avait convié douze notables représentant les deux communautés dans le but de nouer les fils du dialogue et de sortir avec des solutions. Avant même que les représentants du M'zab ne rentrent chez eux, des voix s'élevaient pour contester leur légitimité. «Le gouvernement dialogue avec lui-même», dénonçaient, à l'époque, les deux communautés. Cela n'avait pas empêché la télévision publique de brandir des «notables» en butin d'une action gouvernementale qui ne résistera pas à l'épreuve du temps et à la réalité du terrain. En plus de ces solutions, le gouvernement a essayé le remède sécuritaire. Plus de 12 000 gendarmes ont été mobilisés dans la région pour remplacer les policiers, jugés trop partiaux en faveur des malékites. Là aussi, aucun résultat probant n'a été signalé. Pis, les conflits reprennent avec une intensité jamais égalée. Et pour coordonner tous ces efforts, la présidence de la République remplace l'ancien wali de Ghardaïa par un autre, venu de Tamanrasset. Sans résultat. Cafouillage gouvernemental Ces efforts ont été mis à mal par un cafouillage de plus en plus perceptible au niveau du gouvernement. Un sentiment de luttes claniques a été nourri par les deux absences remarquées du directeur général de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel, lors des visites du Premier ministre et du ministre de l'Intérieur dans la région. Fait intriguant : Abdelghani Hamel a effectué, seul, un déplacement dans la wilaya quelques jours seulement après les visites de Sellal et Belaïz. Mais les secrets des dieux étant impénétrables, aucune explication n'a été donnée à ce fait. Près de 9 mois après le début de la crise, les services de sécurité sont toujours montrés du doigt. L'Etat continue de perdre le peu de crédibilité qu'il avait dans une zone où le conflit risque de laisser des séquelles irréversibles.