La vie nocturne n'est pas chose impossible à Alger. Bab El Oued by night n'est ni un slogan ni un objectif à atteindre, c'est une réalité en ce mois de Ramadhan. Les rues de cette commune populaire sont envahies dès la rupture du jeûne. Dès 22h, on parvient difficilement à se frayer un passage parmi la foule qui afflue vers les commerces, le front de mer et les lieux de loisirs aménagés depuis le début de l'été. Tout le monde y trouve son compte, au grand bonheur des familles qui profitent des moments de détente pour faire du shopping ou de simples sorties nocturnes, en attendant le s'hour. Tout cela dans un climat de sérénité et de sécurité, grâce au déploiement des services de police qui veillent au grain. Durant ces nuits de Ramadhan, des résidants d'autres municipalités préfèrent venir dans cette commune, qui vole la vedette aux quartiers plus huppés du centre d'Alger. Avec ses commerces et ses marchés relativement à bon prix, cette municipalité est devenue une destination privilégiée pour des milliers de citoyens. Outre les emplettes quotidiennes, des familles viennent y faire les achats pour l'Aïd. Il y a l'embarras du choix : des boutiques de vêtements pour hommes, femmes et enfants, des jeunes vendeurs à la sauvette qui proposent toutes sortes d'articles, on finit par trouver ce que l'on est venu chercher. On relève, toutefois, un retour en force de l'informel, notamment au niveau de la voie principale à proximité du jardin Taleb Abderrahmane, ce qui n'est pas pour faciliter la circulation des voitures ni celle des piétons, d'ailleurs. «Malgré les quelques désagréments que la présence de ces vendeurs provoque, exceptionnellement on peut fermer les yeux. Ce sont des jeunes chômeurs qui rendent service aux petites bourses ne pouvant pas acheter dans les boutiques», argumente, souriant, un habitant. Et d'ajouter : «On ne peut imaginer Bab El Oued sans ses marchés anarchiques, ses d'lala et les odeurs de zalabia et autres confiseries.» Outre le centre-ville, les places El Kettani et Qaâ Sour se sont transformées, elles aussi, en une véritable attraction pour les citoyens. Des jeunes et des moins jeunes s'assoient, la nuit tombée, sur les rochers et les brise-lames, pour d'interminables parties de dominos ou une «gaâda» musicale entre amis.Mais la plupart des citoyens se dirigent vers la place principale où un manège pour enfants a été installé, ainsi que des petits étals réglementaires et des cafétérias où l'on propose des boissons fraîches et des glaces, pour étancher la soif en ces nuits chaudes et humides.«Les enfants se régalent, on vient quotidiennement, on ne rentre que vers 1h du matin», raconte un père de famille, habitant à Bologhine, venu avec sa femme et ses trois enfants. L'autre avantage qu'offre Bab El Oued, a-t-on constaté, c'est la disponibilité du transport. Mais de nombreux citoyens ont relevé un petit problème que les autorités publiques doivent prendre en charge, à savoir la faiblesse de l'éclairage public à certains endroits.