La ruée vers les cafés, les sorties nocturnes et les balades au bord de la mer n'ont pas eu lieu dimanche dernier, premier jour du Ramadhan. Du moins à la Basse-Casbah, à Alger-centre et à Bab El Oued. Il était presque 20h. Les commerçants illégaux, activant aux alentours de la mosquée Ketchaoua, continuent de proposer du raisin, des poires et des pommes entre 50 et 100 DA le kilo. Les acheteurs se font rares. Rares aussi sont les magasins ouverts. Avec ses lumières et en l'absence des vendeurs qui l'occupent durant toute la journée, la rue Bouzrina paraît majestueuse. Les passants se rendaient dans toutes les directions, sans avoir peur d'être percutés par des véhicules. C'est que la circulation automobile était faible. De la mosquée Ketchaoua, on débouche directement sur la place des Martyrs. Un groupe de jeunes attendaient l'heure convenue pour rejoindre la mosquée. Les déchets, emballés ou non, sont partout. A chaque coin, sa part d'ordures en attendant la passage des éboueurs. Les premiers clients du café Essaha dégustaient leur café ou leur thé en regardant les passants et les rares voitures qui passaient. Au bout de leur nez, sur la chaussée, des flaques d'eau usée dégageaient des odeurs nauséabondes. L'eau vient d'une petite ruelle adjacente, stagne sur la chaussée et imbibe les cartons laissés par les vendeurs. Pour rendre le « décor » du café plus agressif, on y a placé un bac à ordures. Vers 20h30, la station de transport est envahie par quelque 150 à 200 jeunes et enfants. Ils ont occupé l'aire de stationnement réservée à l'entreprise de transport public Etusa en s'adonnant avec enthousiasme à un jeu : conduire une moto ou une bicyclette. Faire quelques tours coûte cinq dinars payés d'avance. Ce « commerce » d'occasion ne fait cependant pas le consensus. « C'est bête de sacrifier une moto de 40 000 DA pour un tel jeu. Il suffit qu'un enfant fonce sur un mur ou tombe pour l'immobiliser », avance un jeune. Pas loin de là, mais toujours dans la station, d'autres enfants s'adonnent bruyamment à une partie de football. Si à la place des Martyrs, on s'adonne au jeu, à Bab El Oued, plus précisément au jardin Taleb Abderrahmane, les enfants se contentent de courir à travers les allées. Les esplanades d'El Kettani étaient désertes. Le manège de la place Icosium tournait lui aussi presque à vide. Même la place du Millénaire, habituellement fréquentée jusqu'à des heures tardives de la nuit, était déserte. A Bab Azzoun, il y avait plus d'ordures que de passants et de magasins ouverts. Les portes de Théâtre national algérien (TNA) étaient fermées. Visiblement, aucun spectacle n'est organisé. La cour de l'établissement a été transformée en terrain de football par les enfants des quartiers environnants La terrasse du Tontonville, située à côté du TNA, était quelque peu animée par les discussions entre les consommateurs. Le café El Mithladja a enregistré une faible affluence. L'établissement est connu pour ses jeux de cartes et de dominos. Habituellement, il est très difficile de trouver une table libre pour s'adonner à ces jeux. En ce début du Ramadhan, le cœur n'y est pas.