Des condamnations, des appels à un cessez-le-feu et des regrets. La communauté internationale se montre très critique à l'égard d'Israël, qui franchit une nouvelle étape dans son agression contre les Palestiniens de la bande de Ghaza. L'assassinat de civils et d'enfants, ainsi que la décision de l'armée israélienne de lancer une offensive terrestre ont suscité de vives réactions de la part des responsables internationaux, à commencer par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Ce dernier déplore l'assaut terrestre israélien sur Ghaza et demande à Israël de faire «bien davantage pour faire cesser les pertes civiles». Lors d'une brève déclaration, faite jeudi dernier au siège de l'ONU à New York, Ban Ki-moon «regrette que, malgré (ses) demandes répétées et celles de nombreux dirigeants régionaux et mondiaux, ce conflit dangereux se soit encore aggravé». Il qualifie également de «consternante» la mort de quatre garçons palestiniens, suite à un bombardement israélien. «Il ne peut y avoir de solution militaire à ce conflit. Cela vaut pour Israël et pour les Palestiniens, aussi bien que pour la Syrie», indique encore le secrétaire général de l'ONU. Le Parlement européen a réagi lui aussi, jeudi dernier, en appelant à un «accord de cessez-le-feu» entre Israël et le Hamas. «Il n'existe aucune justification à des attaques ciblant délibérément des civils innocents», estime le Parlement européen, qui met, en revanche, le Hamas et l'armée israélienne sur le même pied d'égalité. En effet, dans une résolution adoptée en séance plénière à Strasbourg, le Parlement européen appelle le Hamas et les autres groupes armés à «mettre un terme immédiatement» à leurs tirs de roquettes sur Israël depuis la bande de Ghaza. Il demande également «la fin de toute action militaire israélienne contre Ghaza». «Le conflit en cours cause des pertes tragiques en vies humaines et des souffrances inacceptables aux populations civiles des deux camps. Il faut un arrêt immédiat de tous les actes de violence qui menacent la vie de la population civile», ajoute la même source. S'exprimant au nom de la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, le sous-secrétaire italien pour les Affaires étrangères, Benedetto Della Vedova, souligne qu'il faut «convaincre les responsables israéliens et palestiniens de prendre les décisions audacieuses et courageuses nécessaires pour mettre fin à l'actuelle spirale de violence et à reprendre les négociations». «Une tentative de génocide systématique» De son côté, la France salue la démarche de médiation égyptienne et appelle Israël «à exercer la plus grande retenue lors de son opération terrestre dans la bande de Ghaza». Cette offensive, rapportent les agences de presse, suscite une «très vive préoccupation à Paris». Selon le ministère français des Affaires étrangères, l'annonce du début d'une offensive terrestre israélienne dans la bande de Ghaza représente un revers pour la France et son chef de la diplomatie, Laurent Fabius. «La France marque sa très vive préoccupation quant à la décision israélienne de lancer une intervention terrestre à Ghaza», précise le porte-parole du Quai d'Orsay, Romain Nadal, dans son communiqué. «Il est essentiel de protéger les populations civiles et d'éviter de nouvelles victimes», ajoute-t-il, confirmant que la visite de Laurent Fabius dans la région vise à soutenir «les efforts en faveur d'un cessez-le-feu immédiat et d'une trêve durable qui répondent aux besoins sécuritaires d'Israël et aux besoins humanitaires et économiques palestiniens». N'ayant toujours pas condamné l'attaque contre la bande de Ghaza, les Etats-Unis d'Amérique demandent seulement à Israël de «redoubler d'efforts pour éviter de faire des victimes civiles». «Nous estimons que davantage peut être fait pour protéger les civils», déclare la porte-parole de la diplomatie américaine, Jennifer Psaki, qualifiant d'«horrifiantes» les images d'enfants morts, mercredi dernier. «L'événement tragique met en évidence le fait qu'Israël doive prendre toutes les mesures possibles pour protéger les civils et les empêcher d'être tués», soutient-elle. Face aux réactions mitigées des Occidentaux, la Turquie condamne vivement les bombardements israéliens sur la bande de Ghaza, qui sont, selon le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, une «tentative de génocide systématique» des Palestiniens. «Ce n'est pas la première fois que nous sommes confrontés à une telle situation. Depuis 1948, tous les jours, tous les mois et surtout pendant le mois sacré du Ramadhan, nous assistons à une tentative de génocide systématique de la part de l'Etat hébreu», lance-t-il, en interpellant les pays musulmans : «J'en appelle au monde musulman : hormis quelques pays, jusqu'à quand allez-vous garder le mutisme quand vos frères sont lâchement massacrés», dit-il. Premier pays à proposer une initiative de paix, l'Egypte dénonce également l'escalade israélienne. «L'Egypte condamne l'escalade israélienne à Ghaza et souligne que l'offensive terrestre comme les raids aériens ne font qu'aggraver la situation et n'aident pas Israël à assurer sa sécurité», soutient un porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères. Ce dernier charge encore le Hamas, qui avait refusé la proposition égyptienne. «Si le Hamas avait accepté la proposition égyptienne, il aurait pu sauver les vies d'au moins 40 Palestiniens», estime le même ministère.