La décision d'« éjecter » M. Berekla de son poste est intervenue à la veille de la comparution devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi Bel Abbès de plusieurs cadres de l'ENIE pour une affaire de « dilapidation » de deniers publics. Le directeur commercial de l'Entreprise nationale des industries électroniques (ENIE), Sahouli Abdallah, succède à Berekla Benahmed, qui n'a duré que trois ans à la tête du plus grand complexe électronique du pays. L'ex-PDG a été « appelé à d'autres fonctions », selon la formule consacrée dans la sphère économique, à l'issue de l'assemblée générale extraordinaire (AGE) tenue dimanche au siège de la Société de gestion des participations (SGP) Indelec, à Alger. Aucune raison n'a été avancée officiellement au sujet de ce « brusque » changement opéré à la tête du staff dirigeant de l'ENIE. Un nouveau président du conseil d'administration de l'entreprise a, également, été désigné lors de l'AGE. La cérémonie d'installation du nouveau directeur général (par intérim), M. Sahouli, a eu lieu hier au siège de la direction générale de l'ENIE en présence de deux représentants de la SGP Indelec. Contactée par nos soins, une source proche de la direction générale a affirmé que la décision prise par la tutelle de remplacer M. Berekla était prévisible. « Le courant ne passait plus entre le PDG et le président de la SGP, M. Fetouhi, notamment en ce qui concerne la cession des actifs de l'entreprise et l'opportunité d'accélérer la processus de privatisation de l'entreprise », révèle notre source. L'ENIE a, en effet, lancé récemment des avis d'appel d'offres pour la cession des actifs des unités de Ras El Ma, Telagh et Aïn Oussera ainsi que plusieurs dépôts et points de vente à travers le territoire national. Le secrétaire général du syndicat d'entreprise, Berrouane Abbas, a refusé, quant à lui, de commenter ce changement, estimant qu'il est encore prématuré de porter un quelconque jugement sur cette décision qu'il qualifie toutefois de « surprenante ». Mais le plus surprenant, c'est que la décision d'« éjecter » M. Berekla de son poste est intervenue à la veille de la comparution devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi Bel Abbès de plusieurs cadres de l'ENIE pour une affaire de « dilapidation » de deniers publics. Hier, jusqu'en fin de journée, le magistrat instructeur n'avait pas encore statué sur le cas d'une vingtaine de personnes convoquées par le parquet. L'ex-PDG avait, pour rappel, relancé une plainte déposée par l'un de ces prédécesseurs au milieu des années 1990, portant, entre autres, sur des « passations de marché douteuses et des facilités de vente injustifiées », apprend-on de source judiciaire qui évalue le préjudice ainsi causé à l'entreprise à une centaine de milliards de centimes. L'enquête menée par la Gendarmerie nationale, après avoir été saisie par le parquet, avait fait ressortir, dans un premier temps, près de 20 milliards de centimes de préjudice. Parmi les personnes mises en cause, l'on signale, outre des cadres de l'ENIE, des grossistes et revendeurs en électronique grand public, un avocat de la ville et le fils d'un sénateur encore en fonction…