Réuni en session extraordinaire à la demande du tiers de ses membres, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a débattu la résolution présentée par l'Etat de Palestine demandant la protection internationale des Palestiniens et une enquête internationale d'urgence sur l'agression israélienne dans la bande de Ghaza. Demandée par l'Egypte au nom du groupe arabe, le représentant permanent du Pakistan au nom du groupe de l'Organisation de la coopération islamique et l'observateur permanent de l'Etat de Palestine, cette résolution condamne «les violations généralisées, systématiques et flagrantes des droits de l'homme et des libertés fondamentales» découlant des opérations militaires israéliennes menées depuis le 13 juin en Palestine, «en particulier la dernière agression d'Israël dans la bande de Ghaza (...) qui a impliqué des attaques indiscriminées et disproportionnées (...) qui peuvent constituer des crimes internationaux». Elle exige l'envoi «en urgence d'une commission d'enquête indépendante internationale» pour enquêter sur ces violations et invite les enquêteurs à dresser une liste des «violations et crimes perpétrés» et «d'identifier ceux qui en sont responsables» en vue de les juger et de «mettre fin à l'impunité». Dans une longue déclaration, diffusée sur le site web du Conseil, Navi Pillay, Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, a indiqué : «Depuis qu'Israël a annoncé son opération militaire de protection Edge le 7 juillet, Ghaza a été soumise à un bombardement intensif quotidien par air, terre et mer avec plus de 2100 frappes aériennes. Les hostilités ont entraîné la mort de plus de 600 Palestiniens, dont au moins 147 enfants et 74 femmes. C'est la troisième grave escalade des hostilités durant mes six années comme Haut commissaire. Comme nous l'avons vu au cours des deux crises précédentes en 2009 et 2012, ce sont des civils innocents dans la bande de Ghaza, y compris les enfants, les femmes, les personnes âgées et les personnes handicapées, qui souffrent le plus. Environ 74% des personnes tuées étaient jusqu'ici des civils et des milliers d'autres ont été blessées. Ces chiffres ont grimpé de façon spectaculaire depuis que les opérations au sol d'Israël ont commencé, le 17 juillet. Des centaines de maisons et autres bâtiments civils, tels que les écoles, ont été détruits ou gravement endommagés dans la bande de Ghaza et plus de 140 000 Palestiniens ont été déplacés.» Pour Mme Pyllay, même si Israël «a tenté d'avertir la population, par exemple, de quitter les maison ou procédé à une évacuation avant une attaque, cela ne le dispense pas de ses obligations en vertu du droit international humanitaire (...). Mais un certain nombre d'incidents ainsi que le nombre élevé de morts parmi les civils démentent l'affirmation que toutes les précautions nécessaires sont prises pour protéger la vie des civils. Les gens – en particulier les personnes âgées, les malades et les personnes handicapées – n'ont pas suffisamment de temps pour fuir hors de leur maison». La commissaire a affirmé que «le mépris du droit international humanitaire et du droit à la vie étaient scandaleusement évidents», citant les cas d'enfants tués par des obus israéliens. Ces crimes, a-t-elle relevé, «soulèvent des inquiétudes quant au respect des principes de distinction, de proportionnalité et de précautions dans l'attaque». Pour la commissaire, il y a «une forte possibilité que le droit international humanitaire soit violé, d'une manière qui pourrait constituer des crimes de guerre». Mme Pillay a exigé «une enquête indépendante sur chacun des actes commis, mais aussi la levée du blocus maintenu par Israël sur cette bande». Abondant dans le même sens, le ministre palestinien Riad Malkia a, lui aussi, exigé une enquête internationale sur les crimes odieux commis par Israël à Ghaza, en disant : «Israël est en train de perpétrer des crimes odieux. Israël détruit complètement des quartiers résidentiels. Ce que fait Israël (...), est un crime contre l'humanité et viole les Conventions de Genève.»