Depuis 1999, aucun cas de fièvre aphteuse n'a été enregistré en Algérie. Ces dernières semaines, cette maladie a fait sa réapparition, notamment à l'est du pays. Elle touche 10% des 20 000 bovins des régions affectées. Disparue depuis 1999 grâce à un effort de vaccination continue de plusieurs années, la fièvre aphteuse affectant les bovins a fait sa réapparition en Algérie ces dernières semaines à l'est du pays, précisément dans la wilaya de Sétif où l'on a déjà enregistré 75 cas de mortalité dans la commune de Bir El Arch. Dans une déclaration à El Watan, Karim Boughanem, directeur des services vétérinaires (DSV) au ministère de l'Agriculture et du Développement rural, a affirmé qu'un dispositif spécial a été mis en branle par les services concernés pour contenir la maladie. «A ce jour, la maladie a touché 10% des 20 000 bovins d'engraissement que compte la région affectée», a indiqué le DSV. Selon lui, d'autres foyers de suspicion ont été déclarés dans les wilayas limitrophes, à savoir Béjaïa, Constantine et Bouira, mais «il faut attendre les résultats des tests effectués sur les cheptels pour savoir si ces wilayas sont atteintes ou non», a encore souligné le même responsable. Néanmoins, des mesures préventives sont d'ores et déjà mises en place pour empêcher la propagation de la maladie. Il s'agit notamment de la séquestration de la zone affectée, l'interdiction de déplacement des animaux, la désinfection et la fermeture de marchés aux bestiaux, ainsi que le lancement d'une opération de vaccination autour du foyer, a expliqué M. Boughanem. A ce propos, le ministère de l'Agriculture a décidé de dégager une enveloppe de 100 millions de dinars pour l'achat de 900 000 doses de vaccin auprès de deux laboratoires européens spécialisés dans le traitement des maladies animales. «Une nouvelle campagne de vaccination du cheptel bovin de grande envergure débutera prochainement, bien que les deux précédentes campagnes effectuées en mars et juin derniers aient concerné 1,6 million de bovins sur un ensemble de 1,8 million de têtes que compte le cheptel algérien», a déclaré le DSV. Renforcer les campagnes de vaccination A la question de savoir comment la maladie a pu toucher notre cheptel malgré les campagnes de vaccination suivies régulièrement par les services vétérinaires, notre interlocuteur a précisé que l'Algérie a obtenu, ces deux dernières années, des certifications de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) validant les mesures préventives prises par notre pays en matière de santé animale. Selon lui, un autre certificat déclarant l'Algérie pays indemne de cette maladie était prévu pour l'année prochaine. «Malheureusement, l'importation frauduleuse de bovins de Tunisie et de Libye est à l'origine de la réapparition de la fièvre aphteuse chez nous», a déploré M. Boughanem. Il a rappelé que le ministère de l'Agriculture avait décidé, en mai dernier, d'interdire l'importation d'animaux et de produits animaliers provenant de Tunisie suite à l'apparition de foyers de fièvre aphteuse dans certaines régions de ce pays. Pour lui, même si l'infection virale est strictement animale et ne se transmet pas à l'homme, il s'agit tout de même d'une situation grave, en ce sens que «la maladie est très dangereuse pour les ruminants et n'a pas de traitement spécifique en dehors de l'abattage de chaque cas déclaré». Et d'ajouter : «Cela engendrera des pertes économiques importantes si l'on ne réussit pas à stopper la propagation de la maladie.» D'aucuns se rappellent le cas du Royaume-Uni où la réapparition de la fièvre aphteuse, en 2001, avait entraîné l'abattage de plus de 4 millions d'animaux dans le cadre de la lutte contre cette maladie. De l'avis de beaucoup d'éleveurs qui craignent des pertes financières, les autorités publiques devraient renforcer la lutte contre la contrebande de cheptel au niveau des frontières et ouvrir une enquête pour identifier les personnes qui sont derrière l'importation des bêtes contaminées.