C'est un moment historique dans la vie de votre ville, les enfants. Vous le raconterez plus tard à vos enfants et leur direz fièrement que vous avez été partie prenante de cette initiative, qui fera de votre cité une ville amie des enfants, une ville sans violence contre eux et vouée à leur bonheur et leur épanouissement. » Ces mots dits sans trop d'emphase ont été prononcés juste avant la signature d'un accord cadre pour 2006-2011, un accord liant le bureau de l'UNICEF pour l'Algérie, l'APC de Beni Saf et la Fondation algérienne de la sauvegarde des droits de l'enfant de Beni Saf (FASDE). Le document paraphé hier définit les objectifs, les missions et les engagements de chaque partie pour que Beni Saf puisse compter parmi les 800 cités amies des enfants qui se comptent au monde. Hier également autour de la table de la salle réunion de l'APC, il y avait autant d'enfants que d'adultes, soit une quinzaine. Fait plus remarquable, ces enfants ont fait la preuve qu'ils ne se contenteraient pas d'être des potiches dans la conception et la mise en œuvre d'une initiative qui les concerne au premier chef. Ainsi l'APC-E, une APC enfant élue en 2002 et dont le mandat s'achève en 2007 avec les 18 ans de sa présidente, l'a affirmé par la voix de Samir, 14 ans, un sérieux outsider parmi les candidats au poste. Des ateliers devant finaliser un plan d'action pour 2006-2007, première traduction de l'accord cadre, ils ont été de la partie, ce qui constitue le principe même de l'opération. A suivre Raymond Janssens, représentant de l'Unicef, l'initiative engagée n'est ni un luxe ni une lubie de pays riche. « Dans les pays développés, on est même en retard au regard du gâchis sur la jeunesse avec en particulier les ravages de la drogue en Europe et les 22 millions d'enfants de rue du Brésil. Vous n'avez encore que 645 enfants privés de leur liberté sur 13 millions. Il faut donc s'y prendre maintenant de façon à éviter le pire. Il suffit de se mobiliser, ONG et institutions, autour de projets réalisables, non politiques, concrets et revenant à moindre coût. Il suffit de se demander ce qu'on peut faire avec les moyens du bord pour réaliser un bonheur d'enfant, à l'école, à l'hôpital, à la maison, etc. Bien entendu, chaque plan d'action sera différent, selon les villes, parce que les villes sont différentes et les besoins aussi. » Pour rappel, l'initiative dite Ville amie des enfants a été lancée en 1996 par l'Unicef dans le cadre de la résolution prise lors de la seconde conférence des Nations unies sur les établissements humains (Istanbul 1996). La déclaration de ladite conférence a affirmé que le bien-être des enfants était l'indicateur suprême d'un habitat sain. En conséquence, une telle cité doit être une ville où le système administratif local s'engage à respecter les droits des enfants, une ville où les opinions, les besoins et les priorités des enfants font partie intégrante des décisions politiques et des programmes publics. A cet égard, le processus d'établissement du label intègre neuf caractéristiques qui placent les enfants et les jeunes au premier plan. Par ailleurs, il suffira que ce processus soit résolument engagé, c'est-à-dire à la fin du premier plan annuel d'action, pour que Beni Saf obtienne la qualité de ville amie des enfants. Ce sera en 2007 au même titre que Tizi Ouzou et Batna qui viennent de s'engager elles aussi avec l'Unicef. Beni Saf réussira-t-elle son pari ? En tout cas, elle est disposée. Elle où tout enfant abandonné trouve immédiatement une famille d'accueil.