Rien n'échappe à l'envolée des prix, pas même le divertissement dans ses formes les plus basiques. Depuis quelques jours, au chef-lieu de la wilaya de Béjaïa, un mini-parc d'attractions installé temporairement à côté du siège de la wilaya attire, chaque soir, par dizaines, des bambins en quête de petits plaisirs et de sensations fortes. Des petits plaisirs au prix de sommes relativement mirobolantes que doivent débourser des parents déjà saignés par un mois de Ramadhan et une fête de l'Aïd dispendieux. Ledit parc propose un circuit de quads, un toboggan gonflable et une sorte de salle de cinéma 3D. De loin s'entendent les cris de joie des enfants mêlés aux bruits assourdissants des moteurs des motocycles. En s'y rapprochant, on constate qu'il y a plus de visiteurs curieux que de véritables clients. Des dizaines d'enfants accompagnés de leurs parents se contentent de se rincer l'œil en s'agglutinant aux haies de sécurité, sans doute dissuadés par les prix affichés. 300 DA les 10 minutes dans le cinéma 3D, 200 autres pour 3 tours en mini-quad et 400 pour le même nombre de tours sur un modèle plus grand, et pour quelques glissades sur le toboggan il faut payer 150 DA, a-t-on constaté de visu. Hallucinant ! Rapprochées, des familles sont estomaquées par cette cherté. «Mes deux enfants n'arrêtaient pas de me demander de les amener jouer ici, ce que j'ai fait, mais à voir les prix affichés, c'est hors de question», tranche une dame rencontrée sur place. Un autre parent estime, pour sa part, que c'est «l'absence de concurrence qui fait flamber les prix de ces jeux ; avec plus de 200 000 habitants, la ville de Béjaïa ne dispose pas d'un parc d'attractions, ce n'est pas normal !» s'est-il plaint, tout en regrettant que le terrain (Parc du lac) qui était destiné à accueillir un parc d'attractions soit «détourné» pour la construction. Pour un agent de sécurité qui officie dans ce mini-parc, dont le terrain qui l'accueille est loué par la wilaya, «les prix sont raisonnables relativement à ceux pratiqués dans les autres villes du pays, surtout pour ce qui est du cinéma 3D que d'autres prestataires proposent à 500, voire 600 DA.» Une réponse qu'il sert, d'ailleurs, pour tous ceux qui l'interpellent sur le sujet, constate-on. Qu'à cela ne tienne, ils sont tout de même nombreux les parents à offrir à leur progéniture une tournée de l'autre côté des haies. Pas tant parce qu'ils le font sans faire mal à leurs porte-monnaie, mais parce qu'ils cèdent bon gré mal gré aux supplications de leurs enfants qui savent toujours se rendre convaincants. Et dire que ce genre d'attractions est plutôt un impératif pour l'éducation et l'épanouissement de l'enfant, et non pas un luxe qui s'arrache au prix fort. D'aucuns parmi les parents se demandent s'il y a au moins un contrôle. «Le parc est situé juste entre le siège de la wilaya et la direction du commerce ; est-ce normal qu'on laisse pratiquer des prix pareils ?» s'interroge un étudiant venu avec ses deux petits frères. Outre que cette situation laisse sur leur faim une «majorité» d'enfants, il est par ailleurs important de déplorer le manque de sécurité remarquable sur le circuit des motocycles. Hormis un casque pour se protéger la tête, tout le reste du corps des enfants est sans protection.