A Alger, il faut habiter dans un bidonville pour pouvoir espérer un jour bénéficier d'un logement. Même si les autorités locales ne cessent de dire le contraire, leurs actions sur le terrain prouvent le contraire. Les recasements des habitants de ces baraques est devenu aujourd'hui une routine et tous les «bidonvillois» attendent les clés de leurs nouvelles demeures. Parce qu'ils sont prioritaires, le commerce des maisons de fortune est devenu un commerce très juteux et un secteur des plus lucratifs. Même si elles sont vendues à des prix contestables, elles connaissent une très large demande par ces chercheurs de logis décents. En contrepartie, des milliers de familles vivent non seulement à l'étroit mais aussi en contact permanent avec le danger d'un éventuel effondrement. Selon des chiffres communiqués par le directeur du logement de la wilaya d'Alger à l'APS, près de 2000 logements menacent ruine dans les communes de Bab El Oued, La Casbah, Belouizdad et Bordj El Kiffan. Même s'ils sont tous classés dans la zone rouge, ils feront, selon la même source, l'objet d'une énième expertise de la part du CTC afin de reloger ces familles par ordre de priorité. Chose considérée comme incompréhensible par ces ménages qui ne décolèrent pas. Pas plus tard que ce samedi, des dizaines de personnes entre jeunes, moins jeunes et des femmes ont protesté contre cette injustice et ont barré la route menant vers Baïnem au niveau du boulevard Emir Khaled. «Nous sommes contents pour les quelques familles qui ont été sauvées du danger de se retrouver sous les décombres, mais en même temps nous demandons notre droit d'avoir un toit solide. Nous avons attendu la concrétisation de toutes les promesses formulées par les responsables locaux mais rien n'est visible à l'horizon. Même les instructions fermes du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, sont bafouées et ne suffisent pas à faire bouger ces dits responsables», s'emporte Hocine, un des habitants sinistrés de Bologhine. En effet, même si Tayeb Belaïz a ordonné de donner la priorité aux familles sinistrées résidant les Immeubles menaçant ruine (IMR), M. Zoukh, wali d'Alger, a veillé personnellement au déménagement de 424 familles du bidonville d'El Hamiz (commune de Dar El Beïda), non loin de la cité du 5 Juillet 1962, dans la commune de Larbaâ (Blida). Pour Nacereddine Zaâtar, président de l'APC de Bologhine, toutes ces habitations ne sont pas endommagées à un point extrême. «Ils peuvent encore servir de logements pour ces familles pour les quelques mois à venir. En plus, cette opération de recasement était déjà prévue pour le mois de septembre prochain. Le séisme n'a fait qu'accélérer la procédure. Rien de plus», explique-t-il. Pour le premier responsable de la commune de La Casbah, la situation est assez alarmante. «Depuis le séisme, nous avons 8 brigades mixtes dépêchées sur les différents quartiers de la commune. Elles sont constituées des éléments du CTC, de la protection civile, de l'APC et du ministère de la Culture. Elles sont chargées de faire des expertises maison par maison et de nous livrer des rapports quotidiens que nous envoyons, à notre tour, au wali. Sur cette base de données, ce dernier prendra les décisions adéquates pour reloger ou non ces familles. Chose sûre, celles qui ne bénéficieront pas de logements dans l'immédiat, le seront sûrement dans les prochains mois à venir», déclare-t-il avant d'annoncer que près de 500 maisonnettes sont considérées comme IMR dont près de 200 classées dans la zone rouge et quelque 600 familles seront relogées incessamment.