Voulant conseiller la patiente de 16 ans qui venait de perdre sa virginité, de porter plainte et dénoncer le coupable qui est son frère, le docteur B.N. recevra un tesson de bouteille d'alcool sur le front. La ville de Sougueur continue décidément de défrayer la chronique locale. Moins de quarante-huit heures après les faits rapportés dans ces mêmes colonnes et qui avaient trait au viol d'une jeune SDF tombée enceinte, voilà qu'une autre affaire, un autre drame social, dirions-nous, lié à l'inceste éclate non sans générer la violence sur la personne d'un médecin femme et de valoir à l'accusée (victime ?) son internement à l'hôpital psychiatrique. Dans l'après-midi d'avant-hier en recevant une jeune patiente de la commune de Tousnina, 25 km de Sougueur, accompagnée de plusieurs membres de sa famille, le docteur B. N., médecin généraliste, ne se doutait pas un instant de la suite des événements qui allaient se dérouler dans son cabinet et qui feront d'elle une victime du devoir. Un devoir qui l'amena à franchement discuter avec cette jeune patiente de 16 ans qui venait de perdre sa virginité. « Dans votre intérêt, vous devriez porter plainte et dénoncer le coupable pour qu'il consente au mariage », croit bon dire la conseillère qui recevra illico presto un tesson de bouteille d'alcool sur le front et valoir à son cabinet un méli-mélo indescriptible ou casse rimait avec cris stridents à vous briser les tympans. Le pauvre docteur ne dut son salut d'ailleurs qu'à la présence de l'infirmière et d'autres patients qui vont la soustraire aux mains d'une jeune personne qui voulait apparemment tout entendre sauf la perte de sa dignité et de surcroît avec son frère, a cru entendre le médecin. « Peut-on porter plainte contre son frère ? », aurait lâché cette pauvre malheureuse qui piquera par la suite une crise de nerfs avant d'être arrêtée par les éléments de la police judiciaire, présentée devant le magistrat instructeur qui a décidé de son internement avant son jugement. Il est peut-être trop tôt pour tirer des conclusions en attendant l'enquête sociale et subsidiairement le procès mais une chose est sûre : beaucoup d'affaires du genre resteront longtemps sous silence dans l'Algérie profonde, quand quelque part la conscience professionnelle de certains est reléguée au second plan face à l'omnipotence de l'argent. Même agressée, docteur B. N. mérite un bravo…