Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rebelles kurdes de Turquie) a, selon la presse turque, appelé les Kurdes à unifier leurs forces contre l'avancée des éléments de l'Etat islamique (EI) dans le nord de l'Irak, une zone kurde. «Nos seuls efforts ne suffiront pas. Nous devons joindre (nos forces)» contre l'Etat islamique (EI), a affirmé le chef militaire du PKK, Murat Karayilan, cité par le journal Radikal sur son site internet. L'EI s'est emparé dimanche de la ville irakienne de Sinjar, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière syrienne, infligeant un nouveau revers aux forces irakiennes et aux combattants kurdes, les Peshmergas, qui la défendaient. «Formons un commandement uni. Préparons-nous et arrachons l'EI des zones qu'il a occupées, dont Sinjar. C'est possible», a affirmé M. Karayilan, appelant de ses vœux la constitution d'un conseil militaire commun. «Nous pouvons libérer Sinjar ensemble mais si tel n'est pas le cas, nous y mènerons une guérilla, a-t-il ajouté. Nous ne laisserons pas l'EI faire ce qu'il veut là-bas. Nous ferons tout pour l'en empêcher.» Les forces issues de la région autonome kurde d'Irak ont subi de lourdes pertes ces derniers jours face aux éléments de l'EI, qui ont décrété un «califat» sur les territoires irakiens qu'ils contrôlent depuis leur offensive de juin. Le PKK dispose, aux confins de la Turquie et de l'Irak, de plusieurs milliers de militants armés qui mènent depuis 1984 une lutte contre l'Etat turc qui a fait plus de 40 000 morts. Un cessez-le-feu avait été décrété en mars 2013 par le PKK dans le cadre de pourparlers de paix avec Ankara qui n'ont pour l'instant débouché sur aucun accord. Il est à rappeler qu'en juin dernier, quand l'armée irakienne a fui devant l'avancée des djihadistes, les Kurdes ont pris sa place, élargissant leur territoire de 40%, mais aujourd'hui ils sont à leur tour en difficulté. La tactique des Kurdes a éprouvé les forces de sécurité qui se retrouvent avec une étendue bien plus importante à contrôler, alors même que la région autonome du Kurdistan connaît des difficultés financières. Conséquence : les peshmergas ont subi plusieurs revers majeurs début août face aux insurgés, perdant coup sur coup plusieurs villes à la frontière syrienne, en particulier Zoumar et Sinjar, ainsi que deux petits champs pétroliers. Les forces kurdes sont considérées comme de loin les plus efficaces et les mieux organisées d'Irak, mais le problème de trésorerie du Kurdistan, lié à son conflit avec Baghdad sur la question de la vente du pétrole, pèsent sur le financement et l'équipement des troupes.